mardi 21 décembre 2004

La sécurité sociale a 60 ans


Cet article, dans une version légèrement différente, a été publié dans Espace de libertés n°326 de décembre 2004, pp.20-21


On dit communément que la sécurité sociale couvre une personne de sa naissance à sa mort. L’expression est même restrictive, puisqu’aujourd’hui la sécurité sociale couvre également, par exemple, la procréation médicalement assistée[1]. Cette force est devenue sa faiblesse. Aujourd’hui, combien de personnes sont-elles encore conscientes de l’exception que constitue le système belge, l’un des plus complets – si pas le plus complet – du monde ?

Une structure complexe :

Mais tout d’abord, en quoi consiste exactement la sécurité sociale ? Trois régimes cohabitent. Le premier, que nous développerons, est celui des travailleurs salariés. Il est géré par l’Office national de la sécurité sociale, l’ONSS. Le second concerne les travailleurs indépendants avec l’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants, l’INASTI. Enfin le troisième régime s’applique aux agents des services publics.

Au sein de l’ONSS, la sécurité sociale est divisée en sept branches. Deux d’entre elles ont un organisme gestionnaire identique à l’organisme de payement. Il s’agit de l’Office national des pensions (ONP) et du fonds des maladies professionnelles (FMP). Pour les cinq autres, il y a une distinction entre l’organisme gestionnaire et l’organisme de payement, ce dernier étant privé. L’exemple le plus connu est celui du chômage. L’Office national de l’emploi (Onem) contrôle et applique la réglementation, mais ce sont les syndicats qui assurent le payement des allocations[2]. Les accidents de travail sont gérés par le fonds des accidents de travail (FAT). Ce dernier est également un organisme payeur, mais ce sont surtout les assurances privées qui assurent ce service. Les questions liées à la santé sont administrées quant à elles par l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (INAMI) et prises en charge par les mutuelles. Enfin, les vacances via l’Office national des vacances annuelles (ONVA) et les allocations familiales via l’Office national d’allocations familiales pour les travailleurs salariés (ONAFTS) sont payées par des caisses liées principalement au patronat.

À la lecture de cette fastidieuse énumération, on a un petit aperçu de la complexité que représentent l’organisation et la gestion de la sécurité sociale. Et encore n’abordons nous pas ici des questions comme le débat entre le précompte et l’impôt, les formules de payement du tiers-payant, le maximum à facturer, les différents statuts des chômeurs....

Cette situation kafkaïenne est due à la longue et difficile histoire de la naissance de la sécurité sociale en Belgique. Histoire qui se confond avec l’histoire des luttes sociales de notre pays.

Un produit des luttes sociales

Terre bénie du capitalisme, la Belgique a connu au 19e siècle un développement industriel exceptionnel qui l’a placée au rang d’une des principales puissances mondiales. Sous le coup d’une législation taillée sur mesure pour une bourgeoisie avide de profit, la classe ouvrière s’organise peu à peu. Les premières formes sont les caisses de résistance, les caisses de secours ou de soutien mutuel et les coopératives, ces dernières ayant pour première mission de permettre une meilleure alimentation, tant en quantité qu’en qualité. C’est cependant la Ière Internationale fondée par Marx qui donne un premier cadre organisationnel au mouvement ouvrier naissant.

Mais c’est 1886 qui marque un réel tournant. Le 18 mars 1886, un meeting commémorant le 15e anniversaire de la Commune de Paris se tient au centre de Liège. Poussés au désespoir par les restrictions imposées par le patronat à la suite de la crise économique de 1873, 3 000 à 4 000 travailleurs provoquent une nuit d’émeute. Le lendemain, une grève générale est déclenchée dans le bassin. Elle sera durement réprimée mais l’incendie social s’étend au Borinage le 26 mars, avec le célèbre incendie des verreries ultra-modernes d'Eugène Baudoux à Jumet[3].

Ce soulèvement populaire aura plusieurs conséquences. D’une part, le jeune Parti Ouvrier Belge, fondé moins d’un an plus tôt, est convaincu que les foules en révolte sont dangereuses et que l’amélioration du sort de la classe ouvrière passe par la conquête du parlement et donc par l’obtention du Suffrage universel. D’autre part, une commission d’enquête est mise en place par le gouvernement, la situation de la classe ouvrière ne pouvant plus être ignorée. Le contenu du rapport publié par cette commission donne une vision édifiante des conditions de « vie » de la classe ouvrière. Diverses mesures, dépassant la simple charité, sont alors prises pour améliorer le sort des travailleurs. Mais, sous l’influence catholique[4], toutes ces mesures insistent sur la nécessité de renforcer la prévoyance chez les ouvriers. C’est pourquoi les mesures sont des « assurances sociales » non obligatoires. La première véritable loi sera celle du 10 mai 1900 sur les pensions ouvrières visant à encourager l’épargne-pension via une quote-part versée par l’Etat. Ce système privé est un échec, les ressources des travailleurs les empêchant d’épargner à long terme. L’échec de cette mesure pousse, onze ans plus tard, l’Etat à rendre obligatoire la cotisation pour les ouvriers mineurs, catégorie professionnelle la plus exposée. Un siècle plus tôt déjà, un décret de Napoléon créait en 1813 une caisse de prévoyance pour les ouvriers mineurs à la suite d’un rapport d’Hubert Goffin, préfet du département de l’Ourthe, sur la catastrophe survenue au Beaujonc le 28 février 1812. Ce décret est considéré par Léon-Eli Troclet comme la première expérience de sécurité sociale de notre pays[5].

La fin du 19e siècle et le début du 20e siècle voient le POB prendre de plus en plus d’importance et pousser à une série d’amélioration pour la classe ouvrière, comme la loi sur la réparation des accidents de travail en 1903 et la loi sur le repos obligatoire du dimanche en 1905.

Une étape très importante est franchie après la première guerre mondiale. Les sacrifices de la classe ouvrière et la concrétisation en URSS d’un autre modèle de société permettent le passage d’une série de mesures. Citons par exemple la loi des 8 heures en 1921 et les pensions ouvrières obligatoires en 1924. Face à ces mesures sociales, le patronat réagit en créant les allocations familiales, le monde chrétien insistant de son côté sur la nécessité de responsabiliser les travailleurs et le refus de rendre les mesures sociales obligatoires. La crise de la fin des années 20, la montée du fascisme et finalement la deuxième guerre mondiale créeront les conditions pour l’instauration de la sécurité sociale.

L’arrêté-loi du 28 décembre 1944

Le 28 décembre 1944, seulement trois mois après la Libération du pays et en pleine offensive allemande dans les Ardennes, un arrêté-loi du Prince Régent met en place la Sécurité sociale[6] en utilisant les pouvoirs spéciaux attribués au gouvernement par le parlement en 1939. Le texte est le fruit d’un vaste compromis élaboré dans la clandestinité entre des représentants du patronat et des représentants des travailleurs qui avaient pour objectif de supprimer les causes de la débâcle sociale des années 30. Comme le résumaient parfaitement les Renardistes à la sortie de la guerre : « Les assurances sociales nous apparaissent comme faisant partie d'un système révolu. On ne se contente pas, après un cataclysme comme celui que nous connaissons, simplement d'assurances sociales. On veut plus. On veut une sécurité sociale réelle. »[7]. Outre ce mouvement renardiste né dans la clandestinité et qui représente pas moins de 11% des effectifs de la FGTB lors de la création de celle-ci, la social-démocratie doit également composer avec un Parti communiste qui sort renforcé du conflit grâce à son rôle fondamental dans la Résistance. L’heure n’est cependant pas à la révolution et l’objectif principal de ceux que l’on nommera bientôt les « partenaires sociaux » est la relance de l’économie et la reconstruction du pays. L’arrêté-loi crée donc une structure destinée, pour reprendre les termes de celui que l’on appellera le « père de la sécurité sociale », Achille Van Acker[8], à « soustraire aussi complètement que possible aux craintes de la misère, les hommes et les femmes laborieux ».

Un processus jamais terminé

À sa création, tous sont conscients que le système mis en place est imparfait et nécessitera des aménagements. Ainsi, dès 1944 les médecins sont hostiles au projet car ils craignent la création d’un service national de la santé qui les fonctionnariserait. Cette hostilité débouchera presque vingt ans plus tard sur la grève des médecins et est toujours présente comme le montre les débats sur le conventionnement ou la dossier médical global.

En fait, si chacun a obtenu une part du gâteau, c’est que personne n’a obtenu la réalisation complète de ses revendications. Chacun attend donc le moment favorable pour repasser à l’offensive. Cette situation explique que les nombreuses tentatives de réformer la sécurité sociale en profondeur ont toutes échoué jusqu’ici, aucune des parties n’ayant le rapport de force suffisant pour passer outre les avis adverses.

Immédiatement, le secteur de l’AMI sera celui qui pose le plus de problèmes. Mais il ne faut pas oublier que jusqu’en 1969 la couverture ne cessera d’augmenter faisant en sorte que potentiellement l’entièreté de la population soit couverte. Toujours aujourd’hui, des mesures ciblées sont prises, sans compter que les énormes progrès dans la technologie médicale et le vieillissement de la population entraînent des surcoûts dans les frais de soins de santé.

Or, tant que la sécurité sociale était une forme de répartition plus équitable des fruits de la croissance, il n’y avait pas de réel problème et le capital était prêt, en échange d’une paix sociale, à concéder des améliorations à la classe ouvrière – c'est-à-dire à l'ensemble de ceux qui ne possèdent pas les moyens de production. Mais la donne va changer avec la crise économique de 1973. D’une part, la participation de l’Etat dans le financement de la sécurité sociale va augmenter tandis que le patronat va voir sa part diminuer. Part qui contrairement à ce que l’on entend trop souvent n’est pas une « charge », mais un salaire différé des travailleurs. D’autre part, la catégorie la plus fragilisée par la crise, les chômeurs, sera la cible privilégiée des mesures de restrictions que nous ne détaillerons pas ici. Rappelons simplement cette phrase de Troclet qui, parlant des raisons qui avait donné naissance à la sécurité sociale, disait : « au point de vue socio-économique on ne s’est plus trouvé en présence de « travailleurs au rabais » qui, en raison de leur imprévoyance ou de leur non-assurance, étaient toujours prêts à accepter n’importe quel emploi à n’importe quelles conditions »[9]. A méditer à l’heure du lancement de la chasse aux chômeurs [10].

On le voit les questions sont nombreuses et complexes. Mais cette complexité ne doit pas faire oublier l’essentiel : la Sécurité sociale est le produit des luttes sociales, est une avancée fondamentale de la classe ouvrière. C’est un formidable outil de solidarité et de redistribution des richesses. Les débats très techniques nécessaires à sa constante adaptation à l’évolution de la société ne doivent pas masquer l’enjeu profondément politique qui est posé aujourd’hui : voulons-nous réellement en revenir au chacun pour soi et à la loi de la jungle ou, au contraire, profiter de l’accroissement constant des richesses pour améliorer les conditions de vie de toute la population.

Notes

[1] Les six premières tentatives sont remboursées à 80%. En cas de cotisation complémentaire, le premier essai est même couvert quasi intégralement.
[2] L’état a également créé une institution publique mais qui n’est volontairement pas en état de concurrencer les organismes privés. Il s’agit de la Caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage (CAPAC).
[3] Sur 1886, voir 1886. La Wallonie née de la grève? Bruxelles, Labor, 1990 et notre article On ne peut faire table rase de l’histoire ouvrière en Wallonie ! in Toudi n°63-64 (numéro spécial Wallonie, état des lieux),mai-juin 2004, p.20
[4] On oublie trop souvent que de 1884 à 1914, la Belgique est dirigée par un gouvernement catholique homogène.
[5] Troclet, Léon-Eli, La première expérience de sécurité sociale. Liège : décret de Napoléon de 1813. Bruxelles, Librairie encyclopédique, 1953. 89 p.
[6] La mise en vigueur du système est fixée au 1er janvier 1945. Le livre de référence sur la sécurité sociale reste celui de Guy Vantemsche, La sécurité sociale. Les origines du système belge. Le présent face à son passé. Coll. Pol-His, Bruxelles, De Boeck Université, 1994.
[7] MSU, Notre droit à la vie : sécurité sociale, Jemeppe, décembre 1944, p.1.
[8] Trois personnalités socialistes ont participé à la création de la sécurité sociale. Achille Van Acker qui signe la loi, Léon-Eli Troclet qui le remplace comme ministre de la Prévoyance sociale dès janvier 45, et enfin Edmond Leburton qui, avant d’en devenir le ministre, sera un technicien important sur la question.
[9] Troclet, Léon-Eli, Propos sur les 25 ans de la Sécurité sociale, in Socialisme n°98 de mars 1970, p.129.
[10] www.stopchasseauxchomeurs.be

samedi 27 novembre 2004

La fin de la démocratie représentative ?

Cet article a été publié dans Espace de libertés n°325 de novembre 2004, p.19

Dans son dernier ouvrage, le sociologue de la VUB Mark Elchardus[1], estime que «la forme contemporaine de la démocratie représentative n'est plus adaptée à la société symbolique et ne peut donc résister aux dangers de la démocratie mise en scène. »[2] Ce constat d'une nécessaire refonte de notre système démocratique, s'il n'est pas unique[3], n'en est pas inintéressant pour autant.

Le livre est centré sur le concept de société symbolique, concept qu'Elchardus préfère à ceux de société de la connaissance ou de société de l'information. Dans la société symbolique, les institutions de contrôle traditionnelles, comme la famille, la religion... ont perdus leur influence au profit des écoles, de la publicité et des mass media. L'auteur s'attarde principalement sur la dénonciation de l'omnipotence et de la dérive des médias qui courent derrière l'audience et ne privilégient plus que la forme, négligeant le fond. Cette dérive est passée en politique où le rôle des « spin doctors », les conseillers en communications, est devenu plus important que celui des idéologues. Sur ce thème, l'observation que nous pouvons faire de la dernière campagne électorale est parfaitement exemplative. En Belgique francophone, les affiches des trois principaux partis ne reprenaient que la tête et le nom du candidat avec le numéro de la liste du parti auquel il appartenait. De slogan il n'était pas question. Quand à la clarification de l'enjeu des élections, comment pouvait-il se faire alors qu'il n'était indiqué nulle part si la personne souriante représentée sur l'affiche se présentait à la Région ou à l'Europe ?

Etonnamment Elchardus n'aborde pas la question du contrôle financier des médias[4] alors qu'il se montre très lucide sur la cause principale de la crise de la démocratie représentative occidentale : « Le projet néolibéral veut (voulait), tout comme les libéraux de Manchester d'il y a cent cinquante ans, transformer autant que possible la société en un libre marché. Plutôt que de néolibéralisme, il faudrait parler de paléolibéralisme. (...) L'importance décroissante de l'état et de la politique, et les chances réduites de la démocratie ne sont pas, vues ainsi, l'aboutissement d'un processus naturel. Elles sont la conséquence d'une stratégie politique poursuivie systématiquement sur une longue période. »[5]

On soulignera par contre la pertinence de l'analyse d'Elchardus quand il dit qu'« aujourd'hui, non seulement la fin de la démocratie représentative se dessine mais aussi celle de la souveraineté du peuple. De plus en plus de décisions sont prises par des porteurs d'autorité non élus. Le juridisme, la technocratisation et la dérégulation – comme on l'appelle – réduisent l'espace de la politique et de la démocratie. »[6] Ce constat général peut être illustré par les grands financiers qui se réunissent à Davos mais également par la « société civile ». L'auteur s'interroge d'ailleurs très justement sur la pertinence d'encore parler de démocratie représentative quand le poids des ONG's et autres mouvements sociaux dépend finalement également plus de leur image, de leur expertise et de leur campagne médiatique que du nombre réel de personnes qu'ils représentent.

Les nombreux constats posés par Elchardus débouchent malheureusement sur une conclusion fort maigre et décevante : « La souveraineté du peuple doit surtout se renforcer dans l'environnement immédiat du citoyen et dans des matières pour lesquelles il peut se baser sur son expérience et non sur les médias. Le quartier semble l'environnement ad hoc »[7], d'autant qu'elle n'est pas assortie d'une vision plus large, à l'image du slogan altermondialiste « Agir local en pensant global ».

Notes

[1]Elchardus, Mark, La démocratie mise en scène, Coll. La Noria, Bruxelles, Labor, 2004, 190p.
[2]p.129
[3]Voir notamment l'essai fortement médiatisé d'Alain Destexhe, Alain Eraly et Eric Gillet, Démocratie ou particratie ? 120 propositions pour refonder le système belge. Bruxelles, Labor, 2003 ainsi que l’article d’Emile Peeters, Démocratie ou démocrature. Illusions démocratiques. In Espace de libertés n°322, p.24.
[4]Voir sur cette question les deux études de Geoffrey Gueuens, L'information sous contrôle. Médias et pouvoir économique en Belgique paru chez Labor en 2002 et Tous pouvoirs confondus. Etat, capital et médias à l'ère de la mondialisation paru chez EPO en 2003
[5]p.88
[6]p.165
[7]p.171

mercredi 20 octobre 2004

Terrorisme ou terrorismes (3)


Cet article a été publié, sous le titre L'Irak en lutte contre le colonialisme ? dans Espace de libertés n°324 d'octobre 2004, p.24

Alors que le pouvoir a été transmis au gouvernement provisoire irakien le 28 juin 2004, la situation sur le terrain reste tendue, comme le prouve les actions quasi quotidiennes de la Résistance[1]. L’occupation est d’ailleurs toujours un fait, les troupes US et leurs alliés étant toujours aussi présentes. Et ce malgré le départ de plusieurs pays aux contingents faméliques dont le retrait a surtout une portée symbolique, comme par exemple les 51 Philippins rappelés le 14 juillet. Les Irakiens ne sont donc pas dupés par ce transfert à un gouvernement fantoche que l’on comparerait volontiers à celui de Vichy dans sa période d’après 1942. Les exécutions de dirigeants et hauts fonctionnaires en sont la preuve, tout comme les attaques de commissariats, les sabotages des installations pétrolières et des pipe-line visant à empêcher les Américains de piller les ressources du pays...

Parmi la nombreuse littérature publiée sur l’Irak, le pire côtoie le meilleur. Dans ce monceau de livres, l’étude de Mohammed Hassan et David Pestieau, L’Irak face à l’occupation parue chez EPO, se démarque par son analyse sur le long terme, mais également par son aspect idéologique tranchant avec le discours dominant[2].

Dès l’introduction, les auteurs donnent le ton : « Et comment les nazis appelaient-ils encore les membres de la résistance belge ? « des terroristes dirigés par l’étranger ». C’est précisément en ces termes que la résistance irakienne est qualifiée aujourd’hui par CNN et consorts »[3].

Le livre retrace l’histoire de l’Irak, soulignant notamment les similitudes qui existent entre la situation actuelle et la colonisation britannique de 1917. On touche ici à la thèse centrale du livre : « Dans un grand nombre d’anciennes colonies, les États-Unis et l’Europe occidentale tirent toujours les ficelles grâce à leur contrôle de l’administration, des services de police, de l’armée et de l’économie. La vieille idée selon laquelle les anciens États coloniaux ont le droit d’intervenir dans les anciennes colonies a conduit, dans les années 1990, à une réhabilitation du colonialisme tout court. Après les attentats du 11 septembre 2001, toutes les barrières sont tombées »[4].

Et les auteurs de montrer que les Américains ont commencé à intervenir en Irak, via l’activation de la question kurde, dès l’arrivée du Baath au pouvoir et sa nationalisation du pétrole, pétrole dont on connaît l'importance vitale pour les USA et dont l'Irak possède encore des réserves gigantesques inexploitées. Dans cette optique, est-ce un hasard si « (une) ordonnance, dont l’intitulé complet est Moving the iraki economy from recovery to sustainable growth, stipule que 200 entreprises d’Etat seront privatisées, y compris des banques, des mines et des usines. Et qu’importe si la Constitution irakienne précise noir sur blanc que les secteurs clés de l’économie ne peuvent être privatisés. Et si les Conventions de Genève précisent également qu’une force d’occupation doit respecter les lois du pays qu’elle occupe »[5] ?

Pour les auteurs, la guerre faite à l’Irak remonte à 1991 et ne s’est jamais réellement interrompue. Ainsi, ils évaluent entre 500 000 et 1 500 000 le nombre de morts dus à l’embargo. Mais la guerre est-elle réellement finie ? On peut en douter à lire ce livre qui explique combien le régime de Saddam Hussein s’était préparé depuis la défaite de 1991 à une guerre de guérilla, conscient qu’il était impossible de lutter contre la puissance de feux américaine. Cette guérilla, ce harcèlement constant des forces d’occupation, a rapidement fait faire aux journalistes le parallèle avec le bourbier vietnamien. Et Hassan et Pestieau terminent d’ailleurs leur livre sur cette question : L’Irak sera-t-il un nouveau Vietnam ? Rien n’est moins sur. En effet, contrairement à l’existence du PC Vietnamien dirigé par Ho Chi-Minh, les deux auteurs soulignent qu'il n’y a pas encore en Irak UNE alternative crédible porteuse d'un véritable changement pour le peuple irakien. Sur le terrain la résistance préparée par Saddam Hussein s'est d'ailleurs vue renforcée par divers groupes, comme celui de Moqtada Sadr, ayant d'autres objectifs – et pour certains des méthodes injustifiables - et ne soutenant pas l'ancien dirigeant et son régime, mais unis dans leur rejet de l’occupation américaine[6]. La capture du chef d'état irakien est ainsi, à contrario de ce que l'on pourrait penser, un facteur qui à terme pourrait faciliter la cohésion des différentes forces anti-US.

Plus qu'une défaite militaire, la victoire du Vietcong contre l'impérialisme américain représentait un nouveau signe d'espoir pour les peuples dominés. Cet espoir qu'analyse fort bien Alain Rusco dans un récent article[7] rappelant combien la débâcle de l'armée française 20 ans plus tôt dans la cuvette de Dien Bien Phu le 7 mai 1954 avait joué un rôle central dans la révolte des peuples colonisés, et principalement dans le déclenchement le 1er novembre 1954 de l'insurrection algérienne.

Après le 11 septembre 2001, après une « libération » de l’Afghanistan qui n’y a pas changé grand-chose[8], une défaite des USA et de leurs alliés et collaborateurs en Irak démontrerait que la puissance américaine n'est pas invincible et pourrait être le signal d'une insurrection généralisée contre l'impérialisme US.

Faut-il l’espérer ?

Notes

[1]Le Soir du 22 juillet signalait ainsi la mort du 900e soldat américain depuis mars 2003.
[2] Mohammed Hassan et David Pestieau, L’Irak face à l’occupation, Berchem, EPO, 2004, 185 p., 15 €
[3] P.9. Notons à cet égard que les journalistes ne savent plus très bien quelle terminologie utiliser, alternant sans logique apparente entre « terroristes », « résistants », « membres de la guérilla », « rebelles », « miliciens »...
[4] p.161.
[5] p.32.
[6] Voir par exemple l’article d’Ibrahim Ward, L’Irak, l’eldorado perdu. Chiites et sunnites ensemble face aux Etats-Unis in Le Monde diplomatique n°602 de mai 2004, p.1 et pp.12-13
[7] Alain Rusco, Dien Bien Phu vu du Tiers-Monde. Le Valmy des peuples colonisés in Le monde diplomatique, n°604 de juillet 2004, p.21. Voir également sur l’impact du conflit Vietnamien l’article de Anthony Arnove, Marx au pays de l’Oncle Sam, pp.20-23 du numéro hors-série du Nouvel observateur intitulé Karl Marx, le penseur du troisième millénaire ? Comment échapper à la marchandisation du monde, oct-nov. 2003.
[8]Voir le bref article de Marc Epstein dans Le Vif-L'Express du 2 juillet 2004, p.46.

mardi 27 juillet 2004

La Palestine a-t-elle un avenir ?

Cet article a été publié dans Espace de libertés n°322 de juillet 2004, p.12

Après les colonies, les incursions militaires et les check-points humiliants, c'est maintenant un mur de la honte qui est érigé en Palestine dans le but de tenter de séparer les membres de deux peuples[1]. Ce mur en rappelle bien d'autres, de celui de l'Atlantique à celui le long du Rio Grande en passant par celui de Berlin. Une constante existe entre ceux-ci: aucun n'a rempli son rôle de barrière étanche.

Dans le flot de littérature consacrée à cette tragédie et à ses origines, les éditions EPO ont publié le livre d'un vieux militant de la cause palestinienne[2], présent dès 1969 pour un reportage au côté des combattants palestiniens alors réfugiés en Jordanie.

L'auteur retrace rapidement l'histoire de la Palestine pour arriver aux sources du problème actuel. Alors que « l'immense majorité des habitants de Palestine (98%) est arabe et principalement de confession musulmane »[3], la première colonie juive, Petah Tikvah, est fondée en 1878. De nombreuses autres suivront avec un rythme allant crescendo. Le projet, pour une personne comme Herzl, ne pouvait être, explique Lucas Catherine, que celui d'un état homogène, car si les Juifs cohabitent avec un autre peuple, ils subiront toujours des pogroms.

Pour les Palestiniens, la situation commence à s'aggraver avec la première guerre mondiale. L'Angleterre porte alors un intérêt tout particulier à la région pour une raison fort simple: « (...) par le biais du pipe-line débouchant à Haïfa, la Palestine contrôle l'approvisionnement en pétrole venant d'Irak et de plus loin. »[4]. Dans ce contexte, les Juifs deviennent fin des années 30 le bras armé des Britanniques pour contrer l'agitation arabe grandissante. La fin de la deuxième guerre mondiale et l'Holocauste font faire un bond quantitatif capital aux Juifs qui arrivent en masse et mettent immédiatement la pression sur les troupes d'occupation anglaise. L'Irgun et le groupe Stern, dont plusieurs dirigeants israéliens sont issus, se distinguent alors par leurs opérations sanglantes et spectaculaires.

Si l'auteur est très sévère quant aux Juifs, il ne fait cependant pas l'impasse sur les problèmes internes aux Palestiniens. Il souligne ainsi que le Hamas dû son développement originel à l'aide des USA qui à travers lui voulaient, dans un contexte de guerre froide et de décolonisation, contrer les mouvements de gauche. Associé à la voie sans issue que représente la situation militaire et socio-économique, sans cesse en dégradation depuis les accords d'Oslo, cette stratégie a donné le cocktail explosif créant les kamikazes.

Outre les rappels historiques importants, le livre vaut surtout pour son analyse de la situation actuelle et sa mise en perspective.[5] Trois enjeux, en plus de la terre, sont au coeur de la problématique : l'eau, les réfugiés et Jérusalem. Mais le problème principal qui apparaît en filigrane est la différence sociale abyssale entre les deux peuples.

Richement illustré et accompagné de nombreuses notes explicatives en bas de pages, ce livre donne des clés nécessaires à la compréhension de la situation palestinienne. Terminons par une question. Israël est le pays sur lequel l'ONU a pris le plus de résolutions restées sans effet, bafouant ainsi les injonctions internationales depuis bientôt 60 ans. On ne peut donc que s'étonner de l'absence de sanctions de la communauté internationale[6]. Et si l'auteur parle des fruits des colons qu'il voudrait voir boycotter, il ne dit mot sur la présence d'Israël dans toutes les compétitions sportives et culturelles européennes comme, par exemple, la coupe de l'UEFA ou l'Eurovision. N'y aurait-il pas là des gestes symboliques forts à faire, à l'exemple de ceux qui avaient été appliqués contre le régime de l'Apartheid en Afrique du Sud ?

Notes

[1]Voir notamment, ALGAZI, Gadi, Un mur pour enfermer les Palestiniens in Le Monde Diplomatique n°592, juillet 2003, p.10.
[2]CATHERINE, Lucas, Palestine. La dernière colonie ? Berchem, EPO, 2003
[3]p.21.
[4]p.35
[5]On se référera également pour ces aspects à l'excellent numéro spécial Comprendre et agir du trimestriel Palestine. Bulletin de l'Associatio belgo-palestinienne paru en septembre 2003.
[6]Voir CHEMILLIE-GENDREAT, Monique, Face à la force, le droit international in Le Monde diplomatique, janvier 2002, pp.14-15. On n’en oubliera pas pour autant que les pays arabes et les Palestiniens n’ont jamais réellement admis la résolution de l’ONU créant l’Etat d’Israël.

mardi 20 avril 2004

Terrorisme ou terrorisme (4)


Pour terminer cette série, voici un texte intitulé Les dangers du renseignement clandestin

Ce texte a été publié dans Espace de libertés n°320 d'avril 2004, p.25

« Une fois de plus, Pierre Hauman, fondateur et dirigeant du service de renseignement Tégal, est transféré rue Traversière, non loin du Botanique (...) Il sait très bien ce qui l'attend. Sa cellule de la prison de saint-Gilles lui apparaît presque comme un havre de paix. Dernières secondes de calme avant la tempête. » C'est par ces mots dignes d'une bonne série noire qu'Emmanuel Debruyne, jeune historien attaché au Ceges, introduit son étude[1] d'un des principaux réseau de renseignement actifs en Belgique pendant la deuxième guerre mondiale. Dans un style remarquable, l'auteur nous emmène dans le monde mystérieux du renseignement. Mais ici, la réalité dépasse la fiction, et c'est l'histoire d'un groupe d'hommes et de femmes prêts à sacrifier tout ce qu'ils ont, y compris leur vie, qui nous est contée.

Pierre Hauman, que les Allemands emmènent ainsi vers un nouvel interrogatoire, est né en 1911. Officier dans l'armée belge, il est surpris en France par l'Armistice. Patriote, il refuse la défaite et profite de sa position de gestionnaire d'un stock de matériel militaire et de ses contacts pour constituer un réseau d'évasion et de renseignement. Le nom de ce dernier sera dû à une incompréhension. Au printemps 41, à un officier anglais qui lui demande de baptiser son réseau, Hauman répond « C'est égal » compris par l'officier en « Tégal ». Le réseau connaît un développement rapide. Financé par Londres, Tégal dispose même d'un opérateur radio qui lui a été parachuté. L'investissement vaut la peine, les renseignements fournis étant souvent de la plus haute importance, notamment quand une partie du réseau transmet 612 planches techniques de l'avion Focker-Wulf 190.

Fait rare dans un tel livre, l'auteur cite les noms des protagonistes, y compris de ceux qui parlent sous la torture ou trahissent. Il n'est d'ailleurs pas tendre avec son « héros », Pierre Hauman, qui « non content d'attirer l'attention par son habillement ou sa manière d'agir, (...) ne peut pas non plus s'empêcher de garder un train de vie élevé et une sociabilité soutenue! Peut-être espère-t-il éloigner les soupçons en montrant qu'il n'a pas peur d'attirer l'attention. Mais c'est un jeu dangereux, d'autant que Hauman ne semble pas prendre conscience que sa propre existence n'est pas la seule à être risquée de la sorte. »[2]. Arrêté, torturé, Hauman craque et son réseau est démantelé en décembre 1943.

La partie la plus intéressante du livre est cependant l'analyse sociologique du mouvement que Debruyne étudie dans les trente dernières pages. Il y démontre le caractère de classe des agents du renseignement qui appartiennent essentiellement à la haute ou moyenne bourgeoisie, contrairement à la résistance armée composées principalement d'ouvriers. Il n'est dès lors pas étonnant que Tégal soit un mouvement de droite anti-boche dont « (...) il apparaît que dans des secteurs et des échelons divers, des agents se sont engagés dans différents groupes de résistance armée qui ont par la suite fait partie de l'Armée secrète, mouvement qui se situe assez fort à droite. »[3] On touche là à toute la complexité de la Résistance, qui depuis les Royalistes jusqu'aux Communistes avaient comme objectifs commun le mot d'ordre « Hors du pays l'occupant ! », les divergences entre belges étant destinées à être réglées ensuite. Ce phénomène n'a rien d'unique, il s'inscrit même plutôt dans le schéma classique d'une résistance à l'occupant dont on retrouve les caractéristiques principales en Irak aujourd'hui. D'ailleurs, « Contrairement à leurs prédécesseurs de la Première guerre mondiale, qui avaient été en grande partie négligé par l'Etat, les agents de renseignements de la Seconde vont se voir attribuer un statut, assorti de récompenses et de décorations. Paradoxe s'il en est, puisque leur action, illégale aux yeux des Allemands, l'était théoriquement aussi aux yeux de l'Etat belge, qui avait ratifié (de même que l'Allemagne) les conventions de La Haye de 1899 et de 1907! Codifiant les lois et coutumes de la guerre, ces deux traités avaient pour but de protéger les populations civiles et d'empêcher les excès, notamment en interdisant sous peine de mort la pratique de l'espionnage, c'est-à-dire de la recherche clandestine d'informations. ». A méditer au vu de l'utilisation constante de l'appellation de « terroriste » dans les médias[4].

Notes

[1]DEBRUYNE, Emmanuel, C'était Tégal. Un réseau de renseignements en Belgique occupée. 1940-1944. Coll. La Noria, Bruxelles, Labor, 2003. 189p.
[2]p.63.
[3]p.136
[4]Nous renvoyons le lecteur intéressé par cette question à l'échange que nous avons eu avec Hugues Lepaige dans la revue Politique: HANNOTTE, Michel et DOHET, Julien, Le résistant, un terroriste victorieux in Politique n°32 de décembre 2003 pp.58-59 et LE PAIGE, Hugues, Terrorisme et résistance: confusion et complaisance in Politique n°33 de février 2004 p.7

mardi 27 janvier 2004

L’« image-action » plutôt que l’idéologie


Cet article a été publié dans Espace de libertés n°317 de janvier 2004, p.19

Claude Javeau a récemment commis un livre[1] où il proclame son amour pour la social-démocratie seule option politique avec le conservatisme libéral qui ne conduise pas nécessairement au totalitarisme selon lui.

Rédigé à la veille des élections législatives ce texte, vite lu, se veut une démonstration qu’il n’y a pas d’avenir en dehors du réformisme. Pour Javeau, être social-démocrate signifie se battre pour trois prinicpes : Le primat de l’intérêt collectif sur les intérêts particuliers ; la liberté garantie à tous ne prend son sens que par rapport à la plus grande égalité possible ; la démocratisation de l’enseignement. Sur ce dernier aspect, l’auteur dénonce la trop grande place donnée dans l’enseignement aux pédagogues qui a eu pour conséquence de diminuer les difficultés d’apprentissages au de travailler sur les phénomènes d’exclusions. Javeau précise enfin qu’il faut maintenir en fin de parcours un tri élitiste[2].

Javeau reconnaît qu’il n’est pas un militant, mais plutôt un compagnon de route du PS, parti auprès duquel il a l’impression de jouer un rôle nécessaire « mais c’est peut-être là présomption petite-bourgeoise. À moins qu’il ne s’agisse de mon alibi face à ce que je goûte très peu dans l’activité politique : les réunions, les activités de militance (...) »[3]. Nous aurions tendance à rejoindre le célèbre sociologue car il nous semble que la position de l’intellectuel hors de la mêlée, isolé dans son bureau et ne participant pas concrètement à la lutte n’est pas crédible. Mais la plus grosse critique que nous pourrions faire de ce livre est son manque de cohérence. Claude Javeau dénonce qu’« on ne trouve aucune allusion à des positions idéologiques fondamentales, seulement un tableau de chasse des réalisations antérieures et l’annonce de promesses ponctuelles »[4] dans les tracts électoraux du PS pour les législatives, alors que c’est justement cette même impression que donne son livre.

Car que donne-t-on comme perspectives aux lecteurs lorsque l’on dit préférer le terme « d’image-action » à celui d’idéologie ? Quand d’un côté on résume le communisme aux goulags et au stalinisme en oubliant tous les apports sociaux - notamment au niveau de la condition de la femme - tandis que le bilan du réformisme n’est jamais mis en question ? Quand, surtout, on dénonce des évolutions dans la société en feignant d’oublier qui gouvernait à ce moment (on pense aux privatisations de Di Rupo).

Claude Javeau a deux éclairs de lucidité mais n’en profite pas pour aller aux racines du problème. D’abord lorsqu’il qualifie De Man de « seul vrai philosophe politique dont la Belgique pourrait s’enorgueillir »[5]. De Man dont on sait l’empressement du PS à rappeller le Plan du travail ou à vouloir l’actualiser[6]. Ensuite quand il reconnaît que le système de la sécurité sociale « reposait sur le compromis social-démocrate, par lequel la limitation apportée à la maximalisation des profits étaient échangée contre la conjuration de l’attrait de l’URSS et le renoncement à la menace révolutionnaire »[7]. Bref que cet apport essentiel dont se vante tant le PS qui en fait son principal fond de commerce, est finalement dû au Communisme. Ce qui explique son détricotage avec l’aide de la social-démocratie depuis 1989 ?

Un livre intéressant pour son illustration des contradictions fondamentales dans laquelle se trouve de nombreux progressistes qui se refusent à admettre que le problème est le système capitaliste devenu pour eux un horizon indépassable.

Notes

[1] Javeau, Claude, Vive la sociale ! éloge de la social-démocratie. (coll. Petit panorama), s.l, le grand miroir, 2003, 101 p.
[2] On se rappelera son pamphlet Eloge de l’élitisme paru l’an dernier dans la même collection.
[3] p.35.
[4] p.98, note 14.
[5] P.43.
[6] la tentative des années 50 menées par le renardisme et ses « réformes de structure » fut clairement sabottée par la direction social-démocrate. Voir Julien Dohet et Jérôme Jamin, La Belgique de Jacques Yerna. Entretiens. Bruxelles-Seraing, Labor-IHOES, 2003.
[7] p.88.