mardi 31 juillet 2007

La négation des luttes sociales

Avertissement aux lecteurs : ce texte est en partie un billet d'humeur. Son style en sera donc peut-être quelque peu différent des autres textes présents sur ce blog. Il se peut donc qu'il soit retravaillé dans les jours qui viennent. Pour des raisons de droit, il ne sera cependant pas illustré.

La problématique de la négation des luttes sociales et des conquêtes qu'elles ont permises pour l'amélioration des conditions de (sur)vie des plus faibles est au centre de divers travaux que j'effectue depuis plusieurs années. J'y ai consacré ma communication réalisée à l'occasion d'un colloque sur "Expérience et mémoire. Partager la diversité du monde en Français" qui s'est tenu dans le cadre du sommet de la francophonie à Bucarest du 11 au 16 septembre 2006. Le contenu de cette intervention intitulée On ne peut faire table rase des luttes sociales en Wallonie sera bientôt publié en ligne par les organisateurs et fera l'objet d'un nouvel article sur ce blog. En attendant, vous pouvez écouter les différentes interventions ici. J'ai également publié dans la rubrique Hors d'oeuvre de la revue Politique n°46 d'octobre 2006, p.6 un texte intitulé la fait diversification de l'histoire qui revenait sur la couverture du cinquantième anniversaire de la catastrophe du Bois du Cazier de Marcinelle.

Je parle de ces textes aujourd'hui car pour mon anniversaire, mon épouse m'a offert le livre de Michel Elsdorf et Yannick Delairesse, Mines et mineurs de Wallonie. Vie quotidienne - coutumes -catastrophes édité à Liège par Noir dessin production (maison d'édition spécialisée dans le régionalisme wallon, principalement liégeois) en 2006. Comme souvent avec les livres de cette maison d'édition, cet ouvrage a pour principal intérêt sa très riche illustration qui permet de bien survoler les divers aspects liés aux mineurs. S'il faut y reconnaître aussi que pour une fois on parle quasi exclusivement des femmes, des enfants et des hommes et non des machines et du charbon ce livre n'échappe malheureusement pas au défaut d'une certaine vision idéalisée du passé adoucissant largement la dramatique réalité dont les photos ne seront jamais qu'un pâle (mais oh combien précieux) témoignage. Outre les cinq pages sur la monarchie, plusieurs commentaires sont proprement hallucinants comme celui-ci accompagnant une gravure typique de la presse de l'époque p.98 : "Au XIXe siècle, la bourgeoisie s'émut des conditions de vie épouvantables des mineurs. Les dames de bonne société prirent l'habitude de rendre visite aux femmes et aux veuves des mineurs afin de leur apporter un peu de réconfort". Bref une charité totalement désintéressée qui n'est bien entendu pas la conséquence des nombreuses grèves et manifestations qu'il vaut mieux éviter... Plus grave à la p.79 pour commencer la série, comprenant au demeurant de très belles photos, sur le travail des enfants et des femmes : "apprentis-mineurs au charbonnage de Wérister dans les années 1930. Ils étaient âgés de 12 ans à peine et leur première expérience avec la mine était souvent traumatisante. Seuls les plus forts et les plus courageux restaient au charbonnage"... Quelqu'un de plus informé sur les conditions sociales de l'époque aurait certainement écrit que s'ils restaient, c'est qu'ils n'avaient guères le choix. Rappelons qu'avant 1889 il n'y avait pas réellement d'âge minimum pour l'admission comme mineur. Ainsi le futur député du POB Joseph Wettinck commença-t-il à l'âge de 9 ans !
Mais ce qui m'a clairement choqué dans ce livre est l'absence d'évocations des nombreuses luttes et grèves d'une profession qui sera longtemps le fer de lance de la classe ouvrière notamment dans la revendication pour la réduction du temps de travail et pour une meilleure législation (pour peu que celle-ci existait) sur les accidents de travail, deux revendications qui touchaient bien entendu au plus près la vie quotidienne de ces forçats. A propos des catastrophes minières, si elles sont bien illustrées, il faut noter qu'elles sont présentées comme le résultat de la fatalité ou de la malchance et non de la soif de profit des patrons miniers. Mais revenons à l'absence des luttes et grèves. En fait, c'est même pire qu'un oubli puisque deux pages et quatre photos leurs sont "gracieusement" accordées. Mais c'est pour mieux les décridibiliser. Si la quatrième photo n'amène pas de remarque, les trois autres valent le détour.
Ainsi la première est légendée ainsi "Van Belle et Biewa, les deux "vrais" promoteurs de la grève des mineurs dans les bassins de Liège et de Seraing en 1910-1911. ils posent pour la postérité mais nul ne saura jamais si ces deux messieurs en pardessus étaient de vrais mineurs ou de simples "meneurs de grèves"". On appréciera particulièrement les guillemets mis à deux reprises, et plus particulièrement les premiers. Pour les deux noms, je vérifierai dans les jours qui viennent mais la région liégeoise connu au moins deux dirigeants socialistes du nom de Van Belle (les frères Charles et François, menuisiers de professions et déjà mandataires socialistes communaux dans les années 1910 avant d'occuper d'autres fonctions politiques et syndicales). La suivante est du même acabit : "Il faut croire qu'à cette époque il était vraiment important de se revendiquer comme promoteur de grève car voici une autre ancienne carte postale vantant les mérites de ces personnes : les deux vrais promoteurs de la grève des mineurs et leur comité de soutiens. Vous constaterez que les deux hommes qui se trouvent juste au-dessus du tableau noir sont les mêmes que ceux de la photo ci-contre (les moustaches sont cependant moins longues !)".
Plusieurs remarques importantes :
1° On évite ici les guillemets à mérite, ce qui n'enlève rien au ton méprisant et dénigrant du commentaire.
2° Il est normal que les grévistes laissent un témoignage de leurs actions, d'autant que ces photos étaient souvent vendues en soutiens des grévistes et permettaient de faire de la propagande.
3° Il est classique que pour ce type de photo les grévistes "s'endimanchent". Ils faisaient de même lors des grandes manifestations comme celles du 1er mai.
4° Les deux photos datant de la même époque et portant sur la même industrie d'une même région, il est normal d'y voir représenter les deux mêmes dirigeants syndicaux, surtout pour la deuxième où ils sont en groupes et dans un but de propagande.
5° quant à la longueur des moustaches...
La troisième photo est du même acabit, mais cette fois ci le commentaire souligne que "s'il y avait des "promoteurs de grève", il y avait également des victimes de ces grèves... peut-être des ouvriers qui voulaient travailler et que les grévistes appelaient blanke-panse (ventre-blanc), djène (jaune), Baptiste, foke (phoque) ou rodje-nez (nez-rouge)". Outre à nouveau les guillemets destinés à susciter le doute sur la réalité de l'affirmation, on ne peut qu'être révolté par ce type de commentaire que l'on croirait dicté par un exploiteur du 19e mais que ne renierait pas la FEB aujourd'hui.
Je terminerai en précisant que ce n'est pas les documents sur les grèves et les luttes des mineurs qui manquent, même si ce n'est pas l'abondance. Ainsi il existe une très belle série de cartes postales sur une grève au Hasard, dont une notamment d'une manifestation précédée d'une harmonie. Bref, s'il est clair que ce type de livre n'a pas pour vocation de posséder une critique historique pointue et n'est pas acheté pour cela, on pourrait en attendre une totale neutralité et non, comme c'est le cas ici, une insulte aux travailleurs qui ont luttés durement, et parfois sont morts, pour permettre à tous de travailler et de vivre dans de meilleures conditions. C'est cela aussi ce souvenir. C'est cela aussi, et à mon sens surtout, rendre hommage à ces hommes, ces femmes et ces enfants !

jeudi 26 juillet 2007

Le chant des Partisans

Le «Chant des partisans» a été écrit en 1943 à Londres par Maurice Druon et Joseph Kessel sur une musique d’Anna Marly. Son titre premier était le «Chant de la Libération», le «Chant des partisans» étant le titre d’une chanson de la révolution bolchevique. C’est cependant sous l’intitulé de «Chant des partisans» qu’elle est entrée depuis la fin de la deuxième guerre mondiale dans le patrimoine musical et est devenue clairement consensuel comme le prouve les nombreuses fois où elle est chantée dans des cérémonies très officielles, particulièrement en France mais pas seulement. Ce caractère consensuel est assez étonnant car le texte est loin d’être une bluette. Il s’agit au contraire de paroles au message clair et sans ambiguïté dont je doute fortement que les nombreuses personnes le chantant partagent le contenu et se rendent compte de ce qu’ils disent. On y parle clairement de l’utilisation légitime de la violence par des civils qui assassinent, effectuent des attentats… rappelons également qu’elle était à l’époque l’hymne de ceux que beaucoup, et pas seulement les Allemands mais aussi tous ces « bons citoyens » imbus du respect des lois et toujours prêt à « remplir leur devoir » par la dénonciation comme c’est encore le cas dans l’affaire de la petite Angelica (voir Le Soir de ce samedi), considéraient comme des terroristes et non des résistants (je ne reviendrai pas sur cette question et conseille à ceux que cela intéresse la lecture des 4 textes intitulés Terrorisme ou terrorismes? présents sur ce blog)
Cette chanson reste pour moi une des plus belles du répertoire des «chants de luttes». C’est pourquoi elle est la première à être mise sur ce site. De nombreuses autres chansons suivront qui alterneront les grands classiques et des créations plus contemporaines. En attendant ma sélection, voici toujours cinq raccourcis intéressants où vous pouvez écouter et télécharger ce type de musique :
http://www.lescommunistes.org/spip.php?rubrique9 ;
http://www.deljehier.levillage.org/chan_rev.htm ; http://www.communisme-bolchevisme.net/telecharger_musiques_mp3_livres_communistes.htm ; http://chantsdeluttes.free.fr/ ;
http://drapeaurouge.free.fr/.


Les paroles :

"Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...

C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...

Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh..."

On peut même télécharger le "chant des Partisans" en sonnerie de GSM (et oui la récupération commerciale est partout. Avec une question : Est-ce pour la bonne cause dans ce cas ci ?) : http://www.lacoccinelle.net/sonneries-chanson-81508.html ou sur http://www.persomobiles.fr/sonneries/top/le-chant-des-partisans_55428.html (classée à Hymnes, régions !).


dimanche 22 juillet 2007

8 ans déjà, je ne l'accepte toujours pas

Cet article a été publié dans Salut et Fraternité n°59 de juillet-août-septembre 2007, p.6

Le dimanche 22 avril, ce sont entre 700 et 1000 personnes qui se sont mobilisées à l’appel du Collectif de résistance aux centres pour étrangers (CRACPE) et de ses associations partenaires, dont le Centre d’Action Laïque qui avait particulièrement bien mobilisé pour cette occasion. C’est dans une ambiance familiale que la manifestation, partie de la citadelle, a rejoint les grilles du centre fermé de Vottem où se sont tenus les discours et où les manifestants ont pu entrer en contact visuel avec les détenus pour leur exprimer leur solidarité.

Pour la huitième année consécutive, des citoyens ont donc à nouveau rappelé leur opposition à l’existence de camps de détention pour innocents sur le sol belge. Si l’année dernière l’émotion provoquée par l’enfermement d’enfants avait mobilisée près de 3000 personnes, cette année était plus spécifiquement marquée par la question des pratiques médicales inacceptables à l’intérieur des centres fermés, et plus particulièrement de celui de Vottem. Il est cependant important de souligner que la détention d’enfants se pérennise, des enseignants étant engagés pour s’en occuper, comme l’a récemment dénoncé Claude Lelièvre dans une carte blanche parue dans Le Soir du 11 avril 2007 ainsi que des responsables de syndicats d’enseignants dans La Libre Belgique du 27 avril 2007.

De plus si on ajoute l’enlisement de la question de la régularisation des sans papiers, les motifs de mobilisation ne manquaient pas à un mois et demi des élections législatives. On ne peut donc qu’être interpellé par le petit nombre de manifestants et de personnalités politiques, en ce dimanche ensoleillé et s’interroger sur l’absence de sursaut démocratique face à des atteintes de plus en plus importantes aux valeurs des droits de l’homme dont nous fêterons l’an prochain le 60ème anniversaire de la Déclaration universelle.

La laïcité, outil d'émancipation

Cet article a été publié dans Salut et Fraternité n°59 de juillet-août-septembre 2007, p.2

  1. Pourquoi avez-vous quitté le Centre pour l’égalité des chances, structure fédérale, pour le Centre d’action laïque, structure communautaire ?

Mon choix ne s’est pas du tout effectué sur le critère fédéral versus communautaire. D’ailleurs, au sein du CAL, je ne suis pas dans une position de repli communautaire. Bien au contraire, j’apprécie les réunions communes avec nos équivalents néerlandophones de l’UVV. Un autre élément à préciser d’emblée est que je n’ai pas quitté le Centre pour l’égalité des chances parce que je considérais qu’après 15 ans de travail en son sein, il n’y avait plus rien à y faire et que les combats étaient gagnés. Enfin, ce n’est pas davantage en désaccord avec la politique qui y est menée.

Mon départ pour le CAL est vraiment né d’une opportunité qui s’est présentée un an avant la fin de mon mandat au sein du Centre. J’étais donc dans une position où il allait de toute manière falloir que je réfléchisse à mon avenir professionnel. Lorsque j’ai été prévenue qu’une annonce pour le poste de Secrétaire générale du CAL allait être publiée dans Le Soir, j’ai entamé une intense mais brève réflexion qui a débouché sur un vrai choix : celui d’aller vers un lieu - et ils ne sont malheureusement pas si nombreux que cela - où l’on défend des valeurs dans une pluralité de formes d’actions et de thématiques et qui n’hésite pas à sortir de la revendication « exclusivement » laïque.

  1. Quelle(s) différence(s) de perception avez-vous de la structure CAL depuis que vous la vivez de l’intérieur par rapport à celle que vous aviez de l’extérieur ?

Bien avant de postuler, je connaissais un grand nombre de militants de la structure laïque. Ma vision de l’extérieur était celle d’une laïcité revendicative sur le plan philosophique, mais aussi, via Bruxelles Laïque, les Territoires de la Mémoire et le CAL de Liège que je connaissais davantage, d’une laïcité impliquée dans l’action et dans des activités aux thématiques plus larges.

De l’intérieur, je suis tout d’abord époustouflée par le nombre des associations (environ 300), des publications ; par le volume et la diversité des activités et des actions qui sont menées… bref d’un formidable dynamisme dont je n’avais pas connaissance précédemment, malgré mon parcours et mes fonctions successives. Cela m’amène donc à réfléchir sur la communication du CAL, sur les éventuelles synergies possibles pour être plus efficace. Mais cette réflexion n’est encore qu’embryonnaire et je suis consciente des difficultés.

En fait, il manque une photographie de la laïcité « organisée » qui permettrait de se réinterroger sur la pertinence actuelle de nos actions. De se poser la question : « Sommes-nous aux bons endroits avec la bonne organisation et les bons outils ? ». Cet état des lieux, j’essaie de me le représenter via les rencontres avec les régionales. Mais c’est insuffisant. Car il y a aussi les nombreuses associations affiliées directement au niveau communautaire, mais également les personnes qui travaillent en IPPJ, en maisons de repos…

Et nous ne parlons ici que de la laïcité « organisée » alors que nous devons absolument réfléchir à comment communiquer et contacter le « peuple laïque » selon l’expression de Pierre Galand. Je prendrai ainsi l’exemple des migrants que l’on n’entend pas au sein de la laïcité à l’exception de quelques grandes figures. Pour atteindre ces personnes, je pense qu’il faut que l’on dépasse l’image que la laïcité a, et, c’est un discours que j’entendais au Centre pour l’égalité des chances, qui est « le rouspéteur professionnel contre les religions ». Nous devons absolument dépasser et éradiquer cette vision réductric

  1. Justement, Pierre Galand, lors du débat avec Philippe Grollet à Liège le 26 mars, a défendu la nécessité pour la laïcité d’être « sociale et internationaliste ».

Exactement. Mais attention, d’une part, comme je l’ai déjà souligné, il y a longtemps que le mouvement se préoccupe d’autres questions que celles de la religion, et d’autre part nous ne devons pas non plus perdre notre spécificité et oublier nos valeurs et nos combats centraux. Le défi est important et il faut bien réfléchir à la manière dont nous communiquerons. La laïcité a tout à gagner en s’ouvrant à des partenariats avec d’autres associations, y compris confessionnelles, sur des thématiques où le combat est commun, comme par exemple la lutte contre l’extrême droite. Mais s’ouvrir à des partenariats, ce n’est pas perdre son identité, ce n’est pas mettre de côté ses spécificités. Il faut aussi y porter nos idées, nos objectifs et nos valeurs.

  1. N’y a-t-il pas là un contraste entre cette volonté de s’ouvrir, de s’internationaliser et les rivalités qui peuvent exister entre les différentes régionales du CAL ?

Les hommes et les femmes ont tous leurs défauts et leurs contradictions. Il est normal que les laïques n’échappent pas à la règle. Mais je crois qu’au contraire l’internationalisme peut aider à gommer les tensions et à quitter « l’esprit de clocher » en donnant des perspectives plus larges qui permettent de relativiser les questions des « pré carrés ». Aujourd’hui (mais je pourrais changer d’avis d’ici quelques mois) j’ai l’impression que par son histoire et ses valeurs, le mouvement laïque a un ancrage assez individualiste. Et par rapport à cela, je crois qu’il est essentiel de forcer les verrous et de nous pousser vers l’avant.

  1. Le congrès du 30e anniversaire de la régionale de Liège aura pour thème « femmes et laïcité ». Quelle(s) articulation(s) voyez-vous entre ces deux termes ?

Au vu de l’histoire, il me paraît clair que les femmes sont toujours les premières victimes lorsque l’intégrisme religieux arrive à imposer ses vues. De plus, le Dictionnaire historique de la laïcité[1] montre que 90 % des femmes ayant permis des avancées en faveur de l’émancipation du sexe dit faible fin 19è, début 20è étaient des militantes laïques. Il est donc indiscutable que la laïcité est un outil terrible et indispensable pour l’émancipation et qu’elle a donc un rôle politique fondamental à jouer. Il y a un élément qui mériterait une réflexion plus poussée encore : « comment la religion est-elle plus aliénante pour la femme que pour l’homme ? ». C’est en tout cas pour moi un vrai questionnement. Je voudrai cependant encore préciser que sur une telle question, il faut bien entendu distinguer l’individu croyant de la structure ecclésiale.

  1. A un niveau plus personnel, pourriez-vous nous dire quel est LE dossier que vous estimez devoir être au centre du travail du prochain gouvernement qui sortira des urnes au lendemain du 10 juin ?

La première réponse qui me vient spontanément est l’école, et plus généralement l’éducation qui n’est plus l’outil magnifique d’ascension sociale qu’elle a été et qu’elle devrait toujours être. Dans ce cadre, il faut lutter pour la mixité scolaire et celle-ci ne peut passer que par l’école publique qui se doit de développer au mieux l’accueil et l’intégration des jeunes d’origine étrangère et/ou marginalisés dans la structure scolaire. Enfin, ce qui m’étonne le plus est la grande peur de repenser vraiment l’école. Je suis clairement, notamment par mon passage par les Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation active (CEMEA), partisane des méthodes visant à développer la capacité et le désir d’apprentissage les jeunes, plus qu’à leur transmettre un savoir. Dans le même ordre d’idée, pourquoi ne pas faire des classes de 40 élèves mais qui auraient deux professeurs en permanence comme on le pratique beaucoup dans le secteur de la formation pour adultes et de l’éducation permanente ?

Mais je m’égare quelque peu car l’enseignement n’est plus une compétence fédérale. Je verrais donc trois grands thèmes :

- La vigilance sur les Droits de l’homme qui sont de plus en plus mis à mal, voire carrément contournés, par la dérive sécuritaire qui accompagne la lutte conte le terrorisme et la création, inquiétante à mon sens, de la « forteresse Europe ».

- L’emploi, mais à nouveau, il s’agit d’une compétence partagée entre plusieurs niveaux de pouvoir. Emploi qui est la seule solution crédible au fléau de la précarité. Cette montée des pauvretés est vraiment totalement inacceptable dans notre société.

- Enfin, on ne pourra avoir un avenir en Europe sans résoudre la question des pays du sud de la planète. Nous ne pouvons pas, y compris dans une vision égoïste, nous désintéresser de la détérioration des conditions de vie des populations du Sud qui ont connus ces dernières années un énorme recul par rapport aux espoirs nés lors du mouvement de décolonisation.

Mais, je pense aussi à bien des thèmes chers au CAL et, avec un clin d’œil, je renverrai chacune et chacun à la lecture de notre Memorandum !


Propos recueillis le 29 mars 2007

[1] Pol Defosse, sous la direction de, Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique, coll. Voix de l’histoire, Bruxelles, Fondation rationaliste – Luc Pire, 2005.

Vers une laïcité sociale et internationaliste

Cet article a été publié dans Salut et Fraternité n°59 de juillet-août-septembre 2007, p.3

Le 26 mars dernier, l’Assemblée générale du Centre d’Action Laïque de la Province de Liège était suivi d’une conférence-débat sur le thème «Enjeux et avenir de la laïcité» avec, comme invité, Philippe Grollet, président sortant du Centre d’Action Laïque communautaire, et son successeur Pierre Galand. La prestigieuse salle académique de l’Université de Liège a accueilli pour l’occasion près de 200 personnes venues écouter, pendant plus de deux heures, des échanges sans langue de bois, dont le message était mobilisateur pour ceux que Pierre Galland a qualifié de «peuple laïque»

Le caractère convivial de cette rencontre était renforcé par le dispositif qui plaçait les deux intervenants bien assis dans des fauteuils autour de tables basses. Chacun eut d’abord droit à trois questions «impertinentes». On apprendra ainsi que Philippe Grollet retient surtout de son passage dans l’enseignement catholique la grande hypocrisie de la religion, et qu’il ne compte pas se lancer dans une carrière politique après ses 19 ans passés à la tête de la laïcité.

Philippe Grollet souligne plus particulièrement dans son intervention l’offre exponentielle en matière religieuse, y compris dans les différences internes des différentes religions. Pour lui, si cette offre explose, la demande est, elle, en régression sensible, l’athéisme et l’agnosticisme ne s’étant jamais aussi bien porté dans l’histoire. Il n’est d’ailleurs pas question de faire table rase des valeurs chrétiennes mais d’en reprendre les aspects positifs tout en faisant en sorte que, pour reprendre Protagoras, «l’homme soit la mesure de toute chose». Dans ce cadre, il s’agit pour la laïcité d’être combative, non seulement face au consensus mou mais également contre les courants intégristes qui gagnent du terrain au sein des différentes religions. Pour ce faire, il faut chercher les alliances avec les chrétiens démocrates, notamment.

Pierre Galand, quant à lui, a d’emblée insisté sur la nécessité pour la laïcité de ne pas rester un «club du 3e, voire du 4e, âge» et de ne plus se cantonner dans son rôle de «village d’Astérix». La laïcité doit ainsi prendre en compte les problèmes sociaux qui se posent avec de plus en plus d’acuité, mais aussi avoir une véritable vision et action internationaliste. Face à la montée des intégrismes, c’est une question de survie que de venir en aide aux laïques des pays de l’Est et du Maghreb. Il est également primordial de se rendre compte des moyens colossaux mobilisés par les lobbies religieux présents au Parlement européen tandis que la Fédération humaniste européenne (FHE) parvient péniblement à mobiliser deux mi-temps ! Revenant à son interrogation première, il met l’accent sur le défi qui consiste à renouer le contact avec tous les laïques, et ils sont nombreux, qui ne se reconnaissent pas dans la structure du CAL. Une piste : la mise sur pied de «chantiers de la laïcité» afin que nous nous repenchions sur nos valeurs. Nous ne pouvons en effet laisser à l’ULB le monopole d’un débat aussi vital.

La salle ne se prive pas de réagir et de rebondir sur les propos tenus par les deux brillants intervenants. De ces échanges, il ressort que l’Europe ne peut, de manière éthique mais aussi réaliste, se transformer en forteresse, et que nous devons nous occuper de la pauvreté grandissante dans le sud de la planète, tout en travaillant à des formules de démocratie participative. Sur le plan religieux, la nécessité d’un vrai cours de philosophie a été rappelé, tout comme la position de principe contre le voile, le débat au sein de la laïcité portant sur les moyens d’y parvenir sans avoir des effets contre-productif vis-à-vis des jeunes filles musulmanes pour qui porter le voile est la seule manière de sortir de chez elles. Plus largement, la question des relations entre laïcité et communauté musulmane à l’heure de la stigmatisation dans le contexte de la lutte contre le terrorisme a été un des grands points abordés. A ce niveau, il est nécessaire de veiller à renforcer les laïques et les progressistes de cette communauté, et principalement ceux qui se battent dans les pays du Proche et du Moyen-Orient. Une nouvelle fois, la dimension internationale est mise en avant comme élément indispensable de la solution.

La conclusion du débat fut le rappel que, face aux prétentions hégémoniques des diverses religions, le projet laïque – articulé autour de ses deux pôles philosophique et politique - avait de plus en plus de sens, car il était seul garant d’un projet de société ou le vivre ensemble était réellement pour tous.

Les réductions du temps de travail et le 1er mai

La Form'action André Renard (FAR) m'a proposée à l'occasion du 1er mai 2007 de rédiger une petite étude destinée à rappeler les origines de ce qui est devenu la "fête du travail" pour sa revue en ligne intitulée D'Autres repères. J'ai accepté d'autant plus volontiers que je prépare, avec Jean Faniel du Centre de Recherche et d'Information Socio-Politiques (CRISP), une communication autour du mouvement Euromayday (et plus particulièrement de sa manifestation en 2007 à Liège) pour un colloque qui se tiendra à Lyon en janvier 2008. Cet article a été l'occasion pour moi de baliser l'histoire du 1er mai mais aussi de revenir sur l'importance de la revendication de la réduction du temps de travail qui garde toute sa pertinence et sa force aujourd'hui.
Dans un souci de favoriser les réseaux, j'ai décidé de ne pas recopier le texte sur ce blog mais de vous renvoyer vers sa version PDF disponible en ligne.

vendredi 20 juillet 2007

Terrorisme ou Terrorismes (2)


Je vais publier dans les jours qui viennent l'ensemble de mes textes, certains remontant maintenant à quelques années. A les relire, j'avoue être rassuré sur ce que j'y disais. C'est notamment le cas d'un texte que j'avais écrit en décembre 2003 avec feu Michel Hannotte (le fondateur de l'IHOES) dans la revue Politique et que nous avions intitulé d'une manière quelque peu provocatrice mais non moins pertinente, Le Résistant, un terroriste victorieux
Ce texte nous avait valu une réplique d'Hugues Lepaige intulée Terrorisme et résistance : confusion et complaisance. En ce mois de juillet 2007, au vu de la situation en Irak et en Afghanistan, je ne peux que le reproduire ci-dessous car j'en maintiens plus que jamais le propos.

En Irak, le 19 août 2003, une violente attaque contre le siège de l’ONU fit une quinzaine de victimes. Cinquante ans plutôt, au Proche-Orient et en Europe, des troupes occupantes étaient déjà prises pour cible. Attentats extrémistes ou actes de résistance ? Un éclairage historique s’impose.

Après une guerre d’invasion de l’Irak très rapide, les Américains ont proclamé la fin des principales hostilités début mai. Cependant, le corps expéditionnaire qui pensait pouvoir rentrer chez lui rapidement doit déchanter. Le peuple irakien, sachant qu’il ne pouvait résister frontalement à la technologie et à la puissance de feu des Américains, s’est replié et est depuis entré en résistance.

Début novembre 2003, les pertes américaines s’élèvent à plus de 140 tués et 1.500 blessés, chiffres supérieurs à ceux des pertes subies pendant la campagne ; sans compter les suicidés et les déserteurs. Selon la RTBF les troupes d’occupation subissent jusqu’à 25 harcèlements par jour à travers tout le territoire. La résistance irakienne tend à montrer au monde qu’elle considère l’armée américaine pour ce qu’elle est : une armée d’occupation étrangère dans un pays souverain. Au moment où nous bouclons cet article, les attentats simultanés dans Bagdad et la destruction d’un hélicoptère lourd par un missile sol-air, indiquent à tout observateur attentif que les réseaux de résistance possèdent des moyens humains, militaires, techniques et des chaînes de commandement. Une stratégie multiforme est ainsi développée : infliger des pertes à l’ennemi et affaiblir son moral, désorganiser les tentatives du proconsul Paul Bremer de rétablir une vie administrative « normale » et donc faire apparaître l’occupant comme isolé, y compris en s’en prenant à ceux qui collaborent ; enfin, contrer l’effort américain de s’approprier les ressources pétrolières nationales en sabotant les oléoducs. Il apparaît évident que ces combattants bénéficient de sympathies populaires et de complicités suffisantes pour assurer le renseignement militaire nécessaire à l’action. Ces opérations ne peuvent être considérées, comme l’affirme l’administration Bush, de soubresauts désespérés de nostalgiques du régime baasiste. Deux autres actions ont attiré plus particulièrement l’attention des médias. L’une coûta la vie à un membre du conseil de gouvernement irakien mis en place par l’administration américaine pour être reconnu comme l’interlocuteur irakien par la « Communauté internationale » |1|. L’autre s’attaqua au siège de l’ONU à Bagdad le 19 août 2003 et fit une quinzaine de victimes dont le représentant spécial, Vieira De Mello. Cet attentat a marqué l’opinion. Il a été dénoncé immédiatement par les médias occidentaux comme un acte de « terrorisme aveugle » et qualifié de « sans précédent dans l’histoire de l’ONU ». Bernard Kouchner |2| (avec le pathos qu’il affectionne) a attribué cet attentat à l’extrémisme islamique « qu’il faut combattre avec l’ONU... et les Américains ». A-t-il déjà oublié qu’il défendait, il y a quelques années à peine, ces mêmes extrémistes islamiques, ceux de l’UCEKA du Kosovo contre les Serbes ?

L’attentat est-il aussi « unique » dans l’histoire des Nations Unies qu’on le prétend ? Une connaissance élémentaire de l’histoire du Moyen-Orient permettra de relativiser le propos et servira à appuyer notre réflexion.

Jérusalem, il y a 50 ans

Jérusalem, le 22 juillet 1946. Une camionnette se dirige vers l’hôtel King David. Arrivé à hauteur de l’entrée, deux hommes sortent du véhicule, maîtrisent la sentinelle et enferment toutes les personnes présentes. Le commando place 350 kilos de dynamite avant de battre en retraite sous le feu de la police. À 12h37, une formidable explosion secoue l’édifice dont l’aile sud s’effondre. Le bilan est lourd : 91 morts. L’hôtel abritait le QG de l’administrateur civil et militaire britannique en Palestine. Les membres du commando, déguisés en Arabes, font partie de l’Irgoun, une milice sioniste de droite dirigée par Menahem Begin |3|, futur premier ministre d’Israël !

Jérusalem, le 17 septembre 1948. Un convoi de l’ONU est arrêté à un barrage de l’armée israélienne. Soudain un homme surgit et ouvre le feu sur l’une des voitures du convoi. Deux personnes sont tuées : un colonel français et le comte Folke Bernadotte, médiateur suédois de l’ONU. Sauveur de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, ce dernier était l’auteur d’un plan destiné à régler le problème entre Juifs et Arabes jugé trop favorable aux Arabes par les Israéliens. Bernadotte vient d’être assassiné par des membres du Lehi, mouvement constitué des disciples d’Abraham Stern et dissident de l’Irgoun. L’un des triumvirs du Lehi n’est autre que Itzhak Shamir, un autre futur premier ministre d’Israël ; l’assassin du comte Bernadotte deviendra le garde du corps de Ben Gourion |4| , le premier chef du gouvernement israélien.

Ces deux exemples, œuvres de groupes juifs ayant choisi l’option de la lutte armée, ont à l’époque été qualifiés de « terroristes ». Ils rappellent que la violence fut aussi utilisée par les Israéliens pour obtenir l’indépendance et la constitution de leur État national face à l’occupation anglaise. Comment ne pas faire le parallèle avec la résistance palestinienne à l’occupation israélienne et qui est traitée de « terroriste » par le gouvernement d’Ariel Sharon ? Interrogeons-nous aussi sur le caractère « légal » et non « aveugle » que constitue le fait de tirer à la roquette à partir d’hélicoptères sur des voitures circulant dans des rues fréquentées par des femmes et des enfants afin « d’exécuter » de manière extrajudiciaire, c’est-à-dire d’assassiner, des personnes n’ayant jamais été jugées coupables d’un crime par un tribunal ordinaire. La lucidité dépendrait-elle du niveau technologique dont dispose un des adversaires, ou bien la violence de l’État le plus puissant serait-elle toujours la seule acceptable ?

Résistances légitimes

Sans entrer dans la polémique sur le bien fondé de l’action des uns et des autres, constatons qu’à différentes périodes de l’histoire, des peuples - ou en tout cas des minorités agissantes qui n’ont pas été ultérieurement dénoncées ni condamnées par eux, mais au contraire reconnues comme légitimes ou héroïques - ont estimé devoir recourir à des actes de guerre comme moyens efficaces et légitimes de réaliser leurs buts nationaux ou sociaux, mettre fin à une occupation étrangère ou une oppression politique et prendre en main leur destinée. La guerre d’indépendance des États-Unis, les guerres de libération nationale, d’Algérie et du Vietnam en témoignent. Plus globalement, la violence dans l’histoire est un phénomène complexe que l’on doit certes appréhender à partir d’un point de vue éthique, mais qui n’est pas entièrement réductible à des considérations d’ordre moral. De Dostoïevski à Camus, de Robespierre à Lénine, plus d’un philosophe ou d’un penseur politique se sont interrogés sur l’adéquation de la fin et des moyens à mettre en œuvre. Il importe en tout cas de réagir aux événements dramatiques qui interviennent à travers le monde, au Proche-Orient en particulier, en intégrant dans notre réflexion le maximum de déterminations possibles et en se gardant de coller des étiquettes qui n’apportent pas de sens ajouté, mais créent le climat idéologique favorable à la justification de l’intervention impériale.

Pour conclure provisoirement, il nous semble important de revenir sur l’occupation de la Belgique par la Wehrmacht et les Nazis de mai 1940 à septembre 1944. Très vite, des individus se regroupent pour refuser l’ordre nouveau et s’opposer aux forces d’occupation. « Hors du pays l’occupant ! » deviendra le cri de ralliement et le point de convergence des patriotes déterminés dont les motivations citoyennes sont très diverses, voire diamétralement opposées. Apparition du célèbre V de Churchill sur les murs, sur des tracts, rassemblements à des dates symboliques de l’indépendance nationale, comme le 21 juillet ou le 11 novembre, sont parmi les premières formes visibles du refus populaire. Les résistants s’organisent en réseau puis en front qui couvrent bientôt tout le pays et établissent des liens avec le gouvernement belge légal en exil à Londres. Ils diversifient leurs modes d’action : solidarités diverses (clandestins, réfractaires et Juifs...), presse clandestine, etc. Des grèves sont déclenchées. Elles combinent les revendications économiques et le freinage de l’effort de guerre imposé par l’ennemi. Le pas est rapidement franchi du recours à la lutte armée, aux sabotages et à l’élimination des collaborateurs. En mars 1941, les Allemands comptabilisent déjà 419 actes de sabotages pour la Belgique et le Nord de la France, soit plus d’un sabotage par jour en moyenne. Les actes de résistance s’amplifieront jusqu’à la libération du territoire. L’occupant dénonce ces « attentats terroristes » et s’accorde tous les droits et tous les moyens pour combattre ces bandits, plus criminels que les droits communs : arrestations, déportations, procès expéditifs devant des tribunaux militaires suivis d’exécutions, tortures, représailles sur la population civile ou les otages. Pour les résistants ainsi réprimés, et pour les nombreux concitoyens qui les approuvent secrètement ou même les soutiennent, ce sont des actions héroïques pour mettre fin à l’occupation étrangère et à l’oppression fasciste. Le titre de résistant, voire de martyr, devient un titre de gloire. Mort ou vif, le résistant est un héros car il a eu le courage de dire non ! Cette façon de ressentir les choses s’exprimera massivement après la Libération lorsque le pays votera une loi de « reconnaissance nationale » et établira des statuts qualifiant les différents types de résistance.

Autodétermination

Ce qui est dénoncé aujourd’hui par l’administration américaine et ses alliés comme « les derniers soubresauts de nostalgiques de l’ancien dictateur » ou encore d’« actes terroristes de membres d’Al Qaïda », apparaît chaque jour plus clairement comme la volonté de résistance de groupes qui reçoivent le soutien croissant du peuple irakien. Cette réalité, illustrée de manière de plus en plus perceptible sur le terrain, n’est plus ignorée par les médias qui commencent à établir des comparaisons avec la guerre du Vietnam et utilisent de manière régulière le terme de guérilla, ainsi que celui de résistance.

Cette guerre d’agression ne devait pas être menée. C’était le sens de l’immense manifestation populaire mondiale du 15 février 2003. C’est le point de vue d’une majorité d’Etats aux Nations unies. Il faut laisser le peuple irakien libre de choisir son régime politique et son avenir.


|1| Cette notion à géographie variable représente une coalition d’intérêts occidentaux impérialistes face à une crise nationale ou régionale, mais n’a aucune valeur au niveau du droit international. Seule l’ONU peut représenter la communauté des États et des nations.
|2| France 2, JT de 20 h, 20 août 2003
|3| Elie Barnavi, L’Irgoun fait sauter l’hôtel King David in Israël, Palestine, un destin partagé. 1897-1997 (coll. L’histoire au jour le jour). Le Monde, octobre 1997, p.16.
|4| Jean Gueyras, L’assassinat du médiateur in Israël... op. cit., p.22-23.

Le dogme de la compétitivité

Cet article a été publié dans Espace de libertés, n°355 de juillet 2007, pp.28-29

Pascal Durand dans son introduction au livre qu’il a coordonné, Les nouveaux mots du pouvoir, explique que « ce serait désormais le monde de l’entreprise qu’il conviendrait d’attribuer en fait d’horizon indépassable à nos sociétés contemporaines, c'est-à-dire la régression consentie de la politique à une technologie de la corporate governance et à l’application généralisée de la logique de l’économie de marché (convertie en « lois de l’économie ») »[1]. Dans cet ouvrage, plusieurs auteurs analysent comment le vocabulaire forge notre vision de la société et est bien un outil idéologique parmi d’autres. Rappelons nous la novlangue de Georges Orwell. Si tous les champs socio-politiques sont couverts, le vocabulaire économique est largement étudié avec des entrées comme Dérégulation, Compétitivité, Dégraisser, Employabilité, Modération salariale…

Cette lutte contre la pollution du discours par une idéologie qui ne dit pas son nom, plusieurs collectifs la mènent maintenant depuis plusieurs années, sur Internet avec Les mots sont importants[2], mais aussi dans le monde réel avec des collectifs comme ATTAC qui travaillent depuis la fin des années 90 à la déconstruction du discours économique dominant. C’est ainsi qu’une des sections bruxelloises de l’association a publié une histoire économique de la Belgique d’après guerre en collaboration avec la FGTB et la CSC. L’étude est à deux niveaux. Le premier, illustré par Salemi, fait 36 pages tandis que le deuxième, plus complet, comprend des graphiques et fait 68 pages d’un texte serré[3].

Reprendre notre histoire

Le propos des deux textes est de permettre, comme l’indique le titre de la conclusion, de « reprendre notre histoire » car, par exemple, « Comment pouvons-nous comprendre le changement de logique dans les années 80 ? La réponse n’est pas économique, mais politique : les détenteurs de capitaux s’estiment lésés dans le partage de la richesse créée. Ils travaillent, depuis 20 ans déjà, à des changements politiques et culturels qui leur permettront de retrouver ce qu’ils estiment leur appartenir. Leurs idées arrivent au pouvoir autour des années 80 avec les libéraux en Belgique, Reagan aux Etats-Unis, Thatcher en Angleterre… »[4] Ce tournant des années 80 est général et s’appuie sur un discours préparé depuis longtemps.

Les auteurs de cette brochure de vulgarisation s’attachent donc à relire l’histoire économique de Belgique en montrant combien la « science économique » est loin d’être aussi unilatérale que le discours ambiant essaie de nous le démontrer, ce qui est également le propos d’Yves De Wasseige dans son récent Comprendre l’économie politique[5]. Expliquant les mécanismes de financement de la sécurité sociale[6], les auteurs précisent : « On présente ainsi les baisses de cotisations sociales comme une mesure nécessairement bénéfique à l’emploi qui ne toucherait pas le portefeuille des travailleurs. Or, il s’agit bien dans les faits d’une diminution de salaire ! »[7] puisque la différence entre le brut et le net est un salaire qui est différé sous la forme de l’assurance sociale obligatoire. Il en est de même de l’impôt qui permet le vivre ensemble et qui doit nécessairement être proportionnel à la capacité contributive. Et les auteurs de tordre le coup à une autre idée reçue qui fait aujourd’hui de nombreuses personnes des petits capitalistes qui n’auraient aucun intérêt à voir une taxation du capital se mettre en place. Or le capital, « c’est une masse d’argent dégagée des nécessités de la consommation (…) suffisante pour permettre à son propriétaire d’acquérir une activité génératrice de profit »[8] ce qui exclut en fait l’épargnant qui met de coté afin de différer sa consommation (voiture, maison…) mais aussi celui qui a quelques SICAV ou une épargne pension, toutes économies qui l’empêchent de devenir rentier mais qui ont la grande force idéologique de lui donner l’impression qu’il est dans le même jeux que ceux qui détiennent réellement les capitaux.

Le mythe de la crise

Mais la principale caractéristique du discours économique aujourd’hui est d’insister constamment sur le fait que nous vivons depuis le tournant du milieu des années 70 sous les effets d’une crise économique. Si des mutations se sont effectivement produites, il est important de souligner qu’elles sont le plus souvent le fruit de décisions politiques. Ainsi, en 1979 la réserve fédérale américains fait exploser les taux d’intérêts, ce qui dans une économie dollarisé depuis Bretton Woods et après la décision américaine de 1971 de rompre la régulation monétaire internationale pour financer la guerre du Vietnam, a pour conséquence une meilleure rentabilité du capitalisme financier sur le capitalisme industriel. De plus « Le terme de crise fait souvent penser à l’idée d’appauvrissement. Or, au cours des 25 dernières années, soit l’espace d’une génération, les revenus réels ont encore augmenté de 70% environ »[9]. Mais ce qui change, c’est leur répartition au sein de la population car « Sur l’ensemble de la période d’après-guerre, le taux d’imposition du capital a légèrement augmenté (en gros, de 25% à 27%) tandis que la fiscalité sur les revenus socio-professionnels (revenus imposables du travail et revenus sociaux de remplacement) faisait plus que tripler (d’un peu plus de 6% à un peu plus de 21%). Tout s’est joué dans les années 1980 au cours desquelles le taux d’imposition du capital a été divisé par près de deux »[10].

Compétitivité et productivité

Le paradigme qui guide les diverses mesures économiques aujourd’hui est celui de la compétitivité qui permet de ne pas remettre en cause les bénéfices des entreprises par un contrôle de l’inflation mais de mettre la pression ailleurs, notamment en choisissant une société à haut taux de chômage et à emploi précaire et partiel alors que d’autres mesures seraient possibles.

Cette question de la productivité et donc de la compétitivité de nos entreprises dans une économie mondialisée est au centre d’un ouvrage au titre explicite : Capital contre travail.[11] Premier livre publié dans une collection « L’autre économie » qui se veut un outil de contestation de l’idéologie qu’est la pensée unique de l’économie libérale, ce texte est une réaction à l’enchaînement de mesures qui vont à l’encontre des intérêts des travailleurs salariés et qui sont contenues dans « le pacte de solidarité entre les générations » qui a été tout de suite suivi par un « pacte de compétitivité » qui lui-même était destiné à cadenasser le cadre de discussions de l’accord interprofessionnel. Ecrivant également dans un langage simple et accessible les auteurs démontrent combien aujourd’hui c’est la classe moyenne qui est de plus en plus touchée par le phénomène de paupérisation via la sous-traitance, la dégradation des conditions de travail, le stress, la multiplication des statuts atypiques (surtout pour les femmes), bref par le phénomène de la « flexiprécarité ». A nouveau, plus qu’économique, les raisons de cette évolution sont politiques dans la foulée du traité de Maastricht : « Chasse aux chômeurs, prolongation des carrières, élévation de l’âge de la pension, incitation des handicapés au travail… Ces politiques paraissent absurdes. Pourquoi rendre les travailleurs sans emploi responsables de leur situation, alors qu’il y a un manque manifeste d’offre de travail ? (…) absurdes, ces mesures ? Pas à l’aune de l’objectif de compétitivité, la philosophie fondamentale du processus de Lisbonne. De ce point du vue : parfaitement cohérentes. Tout s’éclaire. Rendre les sans emploi plus actifs dans leur recherche de travail, obliger les travailleurs « âgés » à rester sur le marché, inciter même les handicapés à être demandeurs d’emploi, tout cela participe à l’orientation fondamentale des autorités européennes en faveur des entreprises, à savoir augmenter l’offre de travail pour faire baisser son prix sur le marché »[12].

Un processus irréversible ?

Permettre aux gens de comprendre le monde dans lequel ils vivent est un enjeu démocratique fondamental. Les débats sur la constitution européenne et sur la directive Bolkenstein sont emblématiques à ce propos. Pour les trois auteurs il s’agit là de la première piste de solution. La deuxième est clairement la relance d’un processus de réduction du temps de travail. Enfin, face aux poids des multinationales les Conseils d’entreprises européens efficaces sont préconisés. « Ce n’est, tout cela, qu’un début. Plus de vingt ans d’économie libérale pèsent sur le mouvement ouvrier. C’est une pente qu’on ne remontera pas de sitôt, un rapport de forces qu’on n’inversera pas d’un tournemain. Mais, on l’a dit, il y a des frémissements, des signes indiquant que la conjoncture change. »[13].

Et dans ce travail, la laïcité, grâce à la méthode du libre-examen qui exige de ceux qui la pratiquent de se détacher de tout dogme et de toujours faire preuve d’esprit critique non seulement sur les questions religieuses mais également sur les questions socio-économiques, a certainement un rôle à jouer plus important qu’aujourd’hui.

Notes

[1] Pascal Durand, sous la direction de, Les nouveaux mots du pouvoir. Abécédaire critique. Sur l’importance des mots, voir O. Starquit Les mots du pouvoir… le pouvoir des mots in Le revue Aide-mémoire n°39 de janvier-février-mars 2007 p.5
[2] www.lmsi.net
[3] Economie belge de 1945 à 2005. Histoire non écrite, Bruxelles, Attac Bx2–FGTB Bx-CSC BX, 2006
[4] Brochure « simplifiée », p.20.
[5] De Wasseige, Yves, Comprendre l’économie politique, Charleroi, Couleurs livres, 2005. L’ouvrage est complété par un livre de Résumés, tests et exercices.
[6] Sur la sécurité sociale voir nos deux articles : La sécurité sociale a 60 ans in EDL n°326 de décembre 2004, pp.20-21 et Répondre à l’insécurité sociale in EDL n°350 de février 2007, pp.7-8
[7] Brochure « simplifiée », p.27
[8] Brochure « complexe », p.9
[9] Brochure « complexe », p.22
[10] Brochure « complexe », p.42
[11] Xavier Dupret, Henri Houben, Erik Rydberg, Capital contre travail. Préface de Bruno Baudson, Coll. L’autre économie, Charleroi, Couleur livres, 2007, 94 p.
[12] id. p.57
[13] p.94

Une presse alternative a-t-elle un avenir ?


Cet article a été publié dans Espace de libertés n°355 de juillet 2007, p.26

Faisant suite à un colloque international qui s’est tenu à l’ULB, les éditions Aden publient une étude de 80 ans d’existence d’une presse radicale qui sera longtemps dominée par la presse communiste[1].

Le livre retrace, à travers 18 contributions, l’histoire de cette presse militante qui, a de très rares exceptions comme celles de L’Humanité, aura une diffusion relativement confidentielle. Ainsi, en Belgique, Le Drapeau rouge, ne connaîtra un relatif succès qu’à la Libération. A partir de la guerre froide, le journal connaîtra une longue descente, jusqu’à sa disparition pure et simple au moment de l’effondrement de l’URSS. Après l’échec de Liberté et d’Avancée, son (très) lointain héritier est aujourd’hui le Journal du mardi même si depuis juillet 2004 la Parti Communiste a relancé son titre historique sous la forme d’un mensuel. Ce dernier, dans sa forme comme dans son contenu et sa diffusion, se rapproche des 41 autres titres paraissant aujourd’hui en Belgique dont Manuel Abramowicz fait la recension en soulignant que « Chez nous, toutes les organisations se revendiquant du marxisme se sont dotés, un jour ou l’autre, d’une publication. Selon l’enseignement léniniste qui affirme entre autres : « le journal n’est pas seulement un propagandiste collectif et un agitateur collectif ; il est aussi un organisateur collectif » »[2]. Abramowicz montre combien tous ces titres sont confidentiels et connurent un important reflux dans les années 80 après « l’âge d’or » des années 70 au lendemain de mai 68.

Mai 68 est à ce niveau une date charnière analysée par Mathieu Beys au travers de l’étude de trois titres, Notre temps, Hebdo et Pour, qui ne connaîtront jamais un lectorat suffisant. « Les trois titres évoqués ici n’auraient pas pu vivre sans l’investissement militant énorme apporté par de nombreux collaborateurs bénévoles. Certains ont abandonné leurs études ou un poste rémunérateur pour s’engager dans l’aventure de la « contre-information ».»[3] Toutes ces aventures éditoriales étaient basées sur le concept de l’autogestion mais n’échapperont pas aux luttes d’influences internes et à la place prépondérante de certaines personnalités. Ni à la tentation de l’action politique, comme lorsque « Les 12 et 13 février 1977, l’organisation politique Pour Le Socialisme (PLS), pure émanation du journal, est constituée au siège de Pour, essentiellement sous l’impulsion de quatre militants liégeois (Francis Biesmans, Luc Pire, Marc Jacquemain et Jean Peltier). »[4].

De tous les exemples analysés dans les différentes contributions, la seule a avoir une pérennité et un succès qui lui permet d’être toujours présente aujourd’hui est italien. Le quotidien Il manifesto, fondé en avril 1971, vend en moyenne 30000 exemplaires. Une coopérative dont font partie ceux qui travaillent dans la rédaction en assurant l’indépendance. Issu d’une dissidence du PCI historique au lendemain de 1968 son expérience aura un écho international[5]. Signalons enfin que c’est à ce quotidien qu’appartenait la journaliste Giuliana Sgrena, capturée en Irak en 2005 et dont la libération avait été le théâtre d’une des nombreuses bavures de l’armée américaine.

A l’heure des médias contrôlés par quelques groupes financiers, continuer à diffuser des périodiques portant un message différent est une mission démocratique fondamentale. Et ce n’est peut-être pas un hasard si dans un trimestriel comme Politique on retrouve de nombreuses personnes dont le nom parsème ce livre. Face à ce questionnement sur la possibilité d’une « gauche de gauche » et de sa presse, le parcours d’un Louis De Brouckère qu’analyse Pierre Van Dungen est exemplaire : « Pour De Brouckère, l’action politique doit se référer sans cesse aux principes, y compris lorsqu’elle devient tactique. Car Louis De Brouckère adhère à une doctrine : il devient marxiste en 1894, à 24 ans. Il appuie dès lors sa pensée sur trois socles qui jamais ne vacilleront dans son esprit, l’internationalisme, la lutte des classes et le respect de la démocratie sans lesquels, précise-t-il, la doctrine s’abaisse »[6]. Trois principes qui permettent de réaliser le triptyque Liberté – Egalité – Fraternité qui, ses trois composantes réalisées au même niveau, reste pour nous les conditions à la réalisation d’une véritable démocratie, dont le plan politique est complété par les plans économiques et sociaux.

Notes

[1] Sous la direction de José Gotovitch et Anne Morelli, Presse communiste. Presse radicale (1919-2000). Passé/Présent/Avenir ?, Bruxelles, Aden, 2007

[2] Manuel Abramowicz, La « presse rouge » d’aujourd’hui : tour d’horizon in Presse communiste op.cit. p.129. La citation de Lénine est reprise par plusieurs des auteurs dans leur contribution et est extraite de l’ouvrage essentiel toujours d’actualité qu’est Que Faire ?

[3] Mathieu Beys, Sous les pavés, une presse libérée ! Trois tentatives de journalisme radical en Belgique après 68 in Presse communiste op.cit p.81

[4] Id. p.71. Tous les quatre sont encore bien présents dans le paysage politique, le 1er comme président du Mouvement socialiste wallon, le 2e comme célèbre éditeur, le 3e comme militant au PS et le dernier comme pilier historique d’une des tendances trotskistes sur Liège (le MAS-CAP).

[5] Ainsi de Il Manifesto. Analyses et thèses de la nouvelle extrême-gauche italienne. Présentées par Rossana Rossanda, Paris, Seuil, 1971.

[6] Pierre Van den Dungen, Louis De Brouckère, écrire pour Le Peuple, écrire pour le « Peuple » ? in Presse communiste op.cit p.13

Chronique sur les écrits d'extrême droite

Depuis janvier 2001, je tiens une chronique qui analyse les textes publiés par l’extrême droite dans la revue Aide-mémoire. L’idée principale est d’encadrer et d’organiser un grand nombre d’extraits tirés à chaque fois d’un ouvrage différent afin de permettre à chacun de se rendre compte de la réalité des idées propagées dans les écrits d’extrême droite. Le fait de donner un titre particulier original et significatif à chaque article participe de la démarche. Dans les articles publiés depuis j’ai veillé à alterner les textes de manière aléatoire afin d’en souligner la cohérence. On trouvera celle-ci dans le texte Un paradigme de l’extrême droite publié dans Espace de liberté n°340 de mars 2006 (voir post sur ce blog), article  approfondi dans une contribution (pp.31-46) au n°67 de La pensée et les hommes consacré à L'imaginaire d'extrême droite. Les livres sélectionnés vont ainsi de la fin du 19e siècle aux années 2000, couvrent les différents courants et tendances de l’extrême droite (païens, ultra-catholiques, fascistes, nazis, socio-fascistes…) mais aussi plusieurs pays (Portugal, France, Belgique, Italie, Roumanie, Angleterre et bien entendu Allemagne).
J’ai repris ci-dessous la liste de tous ces articles dont une compilation retravaillée est parue sous forme de livre en 2010 avec pour titre Le darwinisme volé
  1. Ref. L’espoir wallon. Histoire du mouvement (1995-1998) (n°16 de janvier-février-mars 2001) d’après la brochure de Marc Levaux, Ref L’espoir wallon. Histoire du mouvement (1995-1998), Liège, éditions Reflex.
  2. Joseph Goebbels. Combat pour Berlin (n°17 d’avril-mai-juin 2001) d’après le livre de Joseph Goebbels, Combat pour Berlin, Paris, éditions St-Just, 1966.
  3. Un échec voué au succès. Les protocoles des sages de Sion (n°18 de juillet-août-septembre 2001) d’après le livre « Protocols » des sages de Sion. Traduits directement du russe et précédés d’une introduction par Roger Lambelin. Avec une reproduction de la couverture russe de 1912, 7e tirage. Paris, Grasset, 1934.
  4. Un cinéaste sous le nazisme : Veit Harlan (n°19 d’octobre-novembre-décembre 2001) d’après le livre de Veit Harlan, Souvenirs ou le cinéma allemand selon Goebbels, Paris, France-Empire, 1974.
  5. « Mon Combat » d’Adolf Hitler, une autobiographie… (n°20 de Janvier-février-mars 2002) d’après le livre d’Adolf Hitler Mein Kampf, Paris, Nouvelles éditions latines, 1979.
  6. « Mon Combat » d’Adolf Hitler, un programme… (n°21 d’avril-mai-juin 2002) d’après le livre d’Adolf Hitler Mein Kampf, Paris, Nouvelles éditions latines, 1979.
  7.  Danger : Invasion ! (n°22 de juillet-août-septembre 2002) d’après le livre de Roger Nols, La Belgique en danger. La vérité sur l’immigration, Bruxelles, éd. Ligne claire, 1987.
  8.  Léon Degrelle et le Rexisme (n°23 de janvier-février-mars 2003) d’après le livre de Pierre Daye, Léon Degrelle et le rexisme, Paris, Fayard, 1937.
  9.  Un nationalisme religieux : le Portugal de Salazar (n°24 d’avril-mai-juin 2003) d’après le livre du président Salazar, Comment on relève un état. Paris, Flammarion, 1937.
  10. Le procès de Nuremberg était-il juste ? (n°25 de juillet-août-septembre 2003) d’après le livre d’Albert Speer, Journal de Spandau, Paris, Robert Laffont, 1975.
  11.  L’antisémitisme est-il une futilité ? (n°26 d’octobre-novembre-décembre 2003) d’après le livre de Louis-Ferdinand Céline Bagatelles pour un massacre, Paris, Denoël, 1937.
  12.  De l’étalon au noble SS (n°27 de janvier-février-mars 2004) d’après le livre de Walther Darré, La race. Nouvelle noblesse du sang et du sol, Paris, Fernand Sorlot, 1939.
  13.  L’ascension fulgurante d’un mouvement (n°28 d’avril-mai-juin 2004) d’après le livre de Gioacchino Volpe, Histoire du mouvement fasciste, Rome, edizione di novissima, Anno XIV (1936).
  14.  Un populisme du 19e siècle (n°29 de juillet-août-septembre 2004) d’après le livre d’Edouard Drumont, Le testament d’un antisémite, Paris, Dentu, 1891.
  15.  Les résultats d’une coalition avec l’extrême droite (n°30 d’octobre-novembre-décembre 2004) d’après le livre du Maréchal Goering, Renaissance de l’Allemagne, Paris, Sorlot, 1939.
  16.  Un vrai fasciste : ni de droite, ni de gauche mais… d’extrême droite (n°31 de janvier-février-mars 2005) d’après le livre de Pierre Drieu La Rochelle, Socialisme fasciste, 6e édition, Paris, Gallimard, 1934.
  17.  L’extrême droite n’a jamais cessé d’exister (n°32 d’avril-mai-juin 2005) d’après le livre de Marcel De Corte, Mon pays où vas-tu ? Philosophie et histoire de la crise de 1950, coll. « Connaissance de l’homme », Paris-Bruxelles, éd. Universitaires, 1951.
  18.  De l’inégalité à la monarchie (n°33 de juillet-août-septembre 2005) d’après le livre de Charles Maurras, Mes idées politiques. Texte établi par Pierre Charbon. Préface inédite, 5e édition, Paris, Fayard, 1937.
  19.  Quand le relativisme sert à masquer le négationnisme (n°34 d’octobre-novembre-décembre 2005) d’après le livre de Maurice Bardèche, Nuremberg ou la terre promise, Paris, Les sept couleurs, 1948.
  20.  Le nationalisme européen de l’extrême droite (n°35 de janvier-février-mars 2006) d’après le livre de Oswald Mosley, La nation Europe, Paris, Nouvelles éditions latines, 1962.
  21.  La pensée « contrerévolutionnaire » (n°36 d’avril-mai-juin 2006) d’après le livre de Pierre Château-Jobert, manifeste politique et social, 2e éd., Vouillé, Diffusion de la Pensée française, 1973.
  22.  Le refus de la démocratie parlementaire (n°37 de juillet-août-septembre 2006) d’après le livre de Pierre Daye, trente-deux mois chez les députés, Bruxelles, Voilà, 1942.
  23.  La tendance païenne de l’extrême droite (n°38 d’octobre-novembre-décembre 2006) d’après le livre de Pierre Vial, Une terre. Un peuple, Paris, Terre et Peuple, 2000.
  24.  Le bilan du nationalisme (n°39 de janvier-février-mars 2007) d’après le livre de Horia Sima, Destinée du nationalisme, Paris, PEG, 1951.
  25.  La cohérence d’un engagement (n°40 d’avril-mai-juin 2007) d’après le livre de Jean-Louis Tixier-Vignancour, Des républiques, des justices et des hommes, Paris, Albin Michel, 1976.
  26.  Du socialisme au fascisme (n°41 de juillet-août-septembre 2007) d'après le livre de Marcel Déat, Le parti unique, Paris, Aux armes de France, 1942
  27.  La préparation de la reconquête idéologique (n°42 d'octobre-novembre-décembre 2007) d'après le livre de Jacques Ploncard d'Assac, Les jeunes ont droit à la vérité..., Lisbonne, La Voix de l'Occident, 1970
  28.  Nouveau FN, vieille idéologie (n°43 de janvier-février-mars 2008) d’après le périodique A Droite. La lettre politiquement incorrecte du sénateur Michel Delacroix
  29.  Le « résistantialisme », un équivalent au négationnisme (n°44 d’avril-mai-juin 2008) d’après le livre de Jean-Pierre Abel, L’âge de Caïn. Premier témoignage sur les dessous de la libération de Paris, Paris, les éditions nouvelles, 1947
  30.  Force, Joie et Travail! (n°45 de juillet-août-septembre 2008) d'après les brochures suivantes : Wilhelm Lotz, Beauté du travail en Allemagne, Coll. l'Allemagne d'aujourd'hui n°6, Bruxelles, Maison internationale d'édition, 1941 ; Le Fascisme, réalisation prolétaire, Rome, (s.d) ; Dr Robert Ley, Du prolétariat à la dignité de l'homme, Bruxelles, édition "Die Deutsche Arbeitsfront", (1941?).
  31.  Le Militaria, porte d'entrée de l'idéologie d'extrême droite (n°46 d'octobre-novembre-décembre 2008) d'après le livre de Saint-Loup, Les Volontaires, Paris, Presses de la Cité, (1963)
  32.  Le Fascisme est de droite (n°47 de janvier-février-mars 2009) d'après le livre de Julius Evola, Le Fascisme vu de droite. Suivi de notes sur le troisième Reich, Paris, Totalité, 1981
  33.  La révolution conservatrice (n°48 d'avril-mai-juin 2009) d'après le livre de Julius Evola, Le Fascisme vu de droite. Suivi de notes sur le troisième Reich, Paris, Totalité, 1981
  34.  Travail-Famille-Patrie (n°49 de juillet-août-septembre 2009) d'après le livre du Lieutenant-Colonel de La Rocque, Service public, Paris, Grasset, 1934
  35.  Tintin-Degrelle. Une idéologie au-delà de la polémique (première partie). (n°50 d'octobre-novembre-décembre 2009) d'après le livre de Léon Degrelle, Tintin mon copain, (s.l.), Pélican d'or, 2000
  36.  Tintin-Degrelle. Une idéologie au-delà de la polémique (deuxième partie). (n°51 de janvier-février-mars 2010) d'après le livre de Léon Degrelle, Tintin mon copain, (s.l.), Pélican d'or, 2000
  37. Le Poujadisme : un populisme d’extrême droite. (n°52 d’avril-mai-juin 2010) d’après le livre de Pierre Poujade, J’ai choisi le combat, Saint-Céré, Société générale des éditions et des publications, 1955
  38.  Le fascisme n’a pas confiance dans le peuple (n°53 de juillet-août-septembre 2010) d’après le livre de Maurice Bardèche, Qu’est-ce que le fascisme ?, Paris, Les sept couleurs, 1970
  39.  Quand la neutralité est riche d'idéologie (n°54 d'octobre-novembre-décembre 2010) d'après le livre de Didier Lefort, Les b.d. de "l'extrême droite" 1945-1990, (coll. Dossiers noirs), Marseille, Bédésup, 1991
  40.  Quand la résistance et le droit d'insurrection sont-ils justifiés ? (n°55 de janvier-février-mars 2010) d'après le livre Jean Bastien-Thiry. Sa vie. Ses écrits. Témoignages. Paris, l’Albatros, 1973, 264 p.
  41.  Retour sur le discours du fondateur de la dynastie Le Pen (n°56 d’avril-mai-juin 2011), d’après le livre de Jean-Marie Le Pen, Les français d’abord, Paris, éditions Carrere-Michel Lafon, 1984
  42.  Une troisième voie : le socialisme racial (n°57 de juillet-août-septembre 2011), d’après le livre de René Binet, Socialisme national contre marxisme, Montréal-Lausanne, éditions Celtiques-ISS, 1978
  43.  écrire peut avoir des conséquences  (n°58 d’octobre-novembre-décembre 2011) d’après le livre d’Andrew Macdonald (William L. Pierce), Les Carnets de Turner
  44.  L’anticommunisme d’un transfuge (n°59 de janvier-février-mars 2012), d’après le livre de Jacques Doriot, La France ne sera pas un pays d’esclaves, Paris, Les œuvres françaises, 1936
  45.  L’extrême droite défend-elle les travailleurs ? (n°60 d’avril-mai-juin 2012), d’après le livre de Lucien Morane, Les comités sociaux d’entreprises, Coll. Bibliothèque du peuple n°67, Paris, PUF, 1942
  46. La spiritualité au cœur de la doctrine ( n°61 de juillet-août-septembre 2012), d’après le livre de Corneliu Zelea Codreanu, Journal de prison, Puiseaux, Pardès, 1986
  47.  L’idéologie derrière la carte postale (n°62 d’octobre-novembre-décembre 2012), d’après le livre d’André Corthis, L’Espagne de la victoire, Paris, Fayard, 1941
  48.  Antisémitisme et anticommunisme. Les deux mamelles de l’extrême droite (n°63 de janvier-février-mars 2013) d’après le livre de Georges Montandon, Comment reconnaître et expliquer le Juif ? Avec dix clichés hors texte. Suivi d’un portrait moral du Juif. Coll. Les juifs en France n°1, Paris, Nouvelles éditions françaises, 1940 et celui de Louis-Ferdinand Céline, Mea Culpa, Paris, Denoël, 1937
  49. La Loi du décalogue (n°64 d’avril-mai-juin 2013) d’après le livre de Bernard Antony, Combats pour mon pays, Limoges, édition du Présent, 1994
  50. La « démocratie autoritaire » pour le bien des travailleurs (n°65 de juillet-août-septembre 2013) d’après le livre de Louis De Pace, Les conquêtes syndicales de l’ouvrier italien, Collection d’études syndicales et coopératives, Paris, Nouvelles éditions latines-Fernand Sorlot, 1937
  51. L’inégalité comme étoile polaire de l’extrême droite (n°66 d’octobre-novembre-décembre 2013) d’après le livre du GRECE, Dix ans de combat culturel pour une renaissance, Paris, GRECE, 1977
  52. Un résistant d’extrême droite (n°67 de janvier-février-mars 2014), d’après le livre de Paul Hoornaert, Le redressement national. La « Légion Nationale Belge ». Sa doctrine – Ses buts. Liège, Légion nationale belge, [1929]