dimanche 20 décembre 2009

Quand la réalité dépasse la fiction

Cet article a été publié dans le magazine Espace de Libertés n°381 de décembre 2009, p.30

Lors de cette rentrée littéraire 2009, le liégeois Nicolas Ancion a réussi un petit coup médiatique avec la publication d’un roman[1] dont la trame est l’enlèvement de Lakshmi Mittal. Enlevé lors d’une fausse interview de la RTBF, le milliardaire va se retrouver au cœur de la réalisation rocambolesque d’une œuvre d’art contemporaine. Au travers des aventures du milliardaire indien, l’auteur nous livre son analyse de la situation socio-économique, mais aussi politique, de la région liégeoise. Et le moins que l’on puisse écrire c’est qu’Ancion manie l’humour cynique avec plaisir et s’amuse à flinguer tout azimut un certain milieu liégeois : « Mullenders est d’une humeur massacrante. Non seulement l’exposition de peintres chiliens, que son groupe d’action culturelle laïque a financée, n’exhibe que des croûtes de jeunes artistes prétentieux mais, en plus de cela, le vernissage est un flop. Pas un ministre, pas un élu de haut rang, les débats au parlement régional sur la réforme du cumul des mandats mobilisent les quelques énergies qui ne sont pas pompées par la crise financière et le gouvernement fédéral enlisé. Si la réglementation passe, c’est tout le système politique qui s’écroule, celui de la concentration du pouvoir dans quelques mains, certes, élues au suffrage universel le plus souvent, mais surtout désignées par les instances du parti ; les nouvelles règles imposeraient à chacun d’occuper une seule fonction principale, ce qui multiplierait les négociations, les saupoudrages, les renvois d’ascenseurs et les services rendus. »[2] Ce roman à clef, parfois obscur, parfois plus claire comme lorsqu’il évoque « l’ivrogne de la colline », ne fera certainement pas que des amis à son auteur.

Si ce roman de Nicolas Ancion est précédé de l’avertissement suivant : « Parfois, on aimerait que les histoires qu’on invente ne soient pas de pures fictions. Mais ce livre est un roman : les personnages et leurs actions sont entièrement imaginaires. S’ils évoquent chez les lecteurs des personnages existant ou ayant existé, ce n’est que pure coïncidence. », le livre du chercheur du Gresea[3] Bruno Bauraind vient en parfait miroir[4]. Car le récit de la fermeture de l’usine Continental à Herstal, conflit réel du début des années 2000, est un véritable roman policier digne de la collection « série noire ». Tout y est dans l’histoire de cette restructuration : un patron machiavélique, des syndicalistes corrompus, des faux espoirs, des rebondissements… le tout révélé par la récupération inopinée par un travailleur d’un ordinateur dont le disque dur n’a pas été reconfiguré et qui contient toute les preuves d’une mort de l’usine programmée dès 1999. Au travers de ce récit qui glace d’autant plus le sang qu’il est réel, c’est le système économique et le rôle des syndicats au sein des Conseils d’entreprises qui est notamment questionné : « La fermeture de l’usine Continental de Herstal est le reflet de l’entrechoquement de deux logiques. D’un côté, la logique stratégique à court terme d’une entreprise multinationale qui, devant un ralentissement du marché, décide de sabrer dans ses coûts de production et donc de fermer une ou plusieurs usines. De l’autre, la logique des travailleurs qui, pour certains, travaillent depuis plusieurs décennies dans une entreprise centenaire et dont la qualité de la production est mondialement reconnue. L’économie reste avant tout un rapport de forces, un espace conflictuel entre ces deux logiques même si, en général, dans les médias, dans le bruitage ambiant, on cherche à faire croire le contraire. »[5]

C’est donc l’étude d’un chercheur qui, parlant du réel, dépasse la fiction imaginée par Nicolas Ancion. Que dire alors du sort réservé à Mittal par le romancier liégeois qui n’ose pas aller aussi loin que ces travailleurs indiens de la banlieue industrielle de New Delhi qui, licenciés par une filiale d’un équipementier automobile italien, ont tout simplement lynchés le PDG de l’entreprise[6]. Le fait s’est reproduit cette année à Tamil Nadu dans le Sud de l’Inde, mais aussi en Chine dans une usine sidérurgique du Nord-est du pays. On est ici bien loin des quelques heures passées dans leur bureau par des dirigeants d’entreprises en Europe. Et surtout on constate que lorsque le capitalisme n’a plus d’entrave la réalité dépasse parfois la fiction.

Notes

[1] Ancion, Nicolas, L’homme qui valait 35 milliards, Bruxelles, Le grand miroir-Luc Pire, 2009, 283 p

[2] P.95

[3] Groupe de recherche pour une stratégie économique alternative (www.gresea.be)

[4] Bauraind, Bruno, Autopsie d’une délocalisation. La liquidation du pneu made in Belgium, (coll. L’autre économie), Bruxelles, Couleur livres, 2009, 93p.

[5] P.3

[6] Voir Le Figaro du 23 septembre 2008

samedi 14 novembre 2009

Reconquista


Le collectif "Le Ressort", dont je suis un des membres publie son premier livre :


Reconquista !

Premiers rebonds
du collectif Le Ressort


« Ouvrir des perspectives aux luttes pour plus de solidarité et d’égalité
dans ce monde dominé par l’égoïsme, la marchandisation et l’injustice faite au plus grand nombre »


Préface d’Alain ACCARDO

Dessins de Stiki

Editions du Cerisier

Je soussigné(e) ……………………………………………………

Rue ………………………………………………………………………

Code postal ……………………… Localité ..................

Souscris à l’achat de ...... exemplaire(s) du livre au prix préférentiel de 8,40 € l’unité au lieu de 10,50 € (prix public franco de port).

J’effectuerai le paiement par virement au compte 877-4601301-22 des Editions du Cerisier à la réception de l’ouvrage.

Date ……………… Signature .............................


A renvoyer avant le 30 novembre 2009 aux Editions du Cerisier
20, rue du Cerisier, 7033 Cuesmes
Tél.-fax : 065 / 31 34 44
editionsducerisier@skynet.be

Sortie publique du livre : décembre 2009


Le Collectif Le Ressort

Minervina Bayon, Yannick Bovy, Didier Brissa, Pierre Castelain, Isabelle Chevalier, Vincent De Raeve, Julien Dohet, Pierre Eyben, Raoul Hedebouw, Marc Jacquemain, Eric Jadot,

Christian Jonet, Michaël Lambert, Aïcha Magha, Alice Minette, Laurent Petit, Michel Recloux, Olivier Starquit, Nicole Van Enis, Karin Walravens.

http://ressort.domainepublic.net/spip/


Souscription pour une enquête sur l'assassinat de Julien Lahaut

A l'initiative de Véronique de Keyser, une souscription a été lancée pour récolter la somme nécessaire au financement d'une étude par le CEGES sur l'assassinat du député Julien Lahaut (sur cette étude voir ici, pour une biographie de Julien Lahaut voir ici).
Il est en effet important de faire toute la lumière sur ce meurtre politique unique dans l'histoire de la Belgique.
Voici le communiqué de presse faisant suite à la conférence de presse que Véronique De Keyser a tenu ce vendredi 13 novembre :

"Merci à tous ceux qui ont pu venir à la conférence de presse ce matin, camarades, représentants des milieux syndicaux et communistes, personnalités politiques - Josy Dubié Sénateur honoraire écolo, Jean-Maurice Dehousse ex-Ministre de la police scientifique PS, Marc Bolland Député-Bourgmestre de Blegny PS, Muriel Geerkens chef de groupe écolo à la Chambre - mais aussi à vous tous qui avez si gentiment pris le temps de me répondre.

Cela fait 60 ans bientôt, qu’une véritable enquête sur la mort de Julien Lahaut est reportée. Le 18 décembre 2008, le Sénat votait une résolution relative à la réalisation d’une étude scientifique sur l’assassinat de Julien Lahaut (vote n°18 – présents : 41 ; pour : 41 ; contre : 0 ; abstentions : 0). L’argent devait venir du Fédéral. Mais la Ministre Sabine Laruelle refuse de débloquer les fonds nécessaires.

Dans toute démocratie, il est nécessaire de faire la vérité sur un passé parfois trouble mais qui peut être instructif pour l’avenir. C’est pourquoi, ensemble, nous devons avoir ce sursaut citoyen qui permettra de mener à bien la recherche de la vérité.

Ainsi, celles et ceux, citoyens ordinaires, entreprises, associations, mouvements, qui souhaitent soutenir cette initiative, peuvent participer en envoyant un don au compte Fortis 001-5981690-67 au nom de « Souscription Julien Lahaut ». Mentionnez bien dans la communication si vous voulez être cité dans la liste des donateurs (sans mention des montants versés) qui apparaîtra ici-même sur mon site, sur lequel vous trouverez aussi des informations régulières quant à la souscription. Un comité d’accompagnement suivra ce fond, ainsi qu’un réviseur aux comptes. Tout l’argent ira à la recherche, aucun frais administratif n’en sera prélevé. Si dans les six mois, nous n’arrivions pas à notre objectif, ou si une solution intervenait au niveau gouvernemental, les sommes reçues seraient immédiatement reversées à leurs donateurs."

Cette conférence de presse a été relayé par plusieurs médias, notamment:

- RTC du 13.11

- La Libre du 14.11. On s'intéressera notamment aux commentaires.

- RTBF-info du 13.11

Bonne gouvernance ou éthique en politique ?

Ce nouveau texte du collectif "Le Ressort" est cosigné par Didier Brissa, Pierre Eyben, Michaël Lambert, Michel Recloux et Olivier Starquit.
Il a été par La Libre le vendredi 13 novembre 2009, p.

Le vocable bonne gouvernance a récemment fleuri en Belgique francophone pour se retrouver dans les pages de la déclaration gouvernementale de l’Olivier.

Ce vocable débarque dans les affaires politiques dans les années 1990. Décrivant au départ un nouveau mode de gestion des entreprises privées, il va devenir le modèle de la gestion publique.

La notion, et les pratiques qu’il désigne, participe à brouiller la différence entre État et société, entre sphère publique et sphère privée. Il constitue ainsi le signifiant d’une nouvelle façon de gouverner la société, caractérisant par une prise de décision où tout le monde est partenaire de tout le monde.

« Ses autres traits caractéristiques sont une hypertrophie du pouvoir exécutif, la perte de toute substance du travail législatif parlementaire et sa mise en concurrence avec la société civile qui se substitue au peuple souverain. » [1]

La gouvernance vise en fait à « délégitimer les techniques de la démocratie représentative [2] » et représente « le point nodal d’un programme politique conservateur qui concurrence le modèle de l’État-nation basé sur la démocratie représentative afin d’œuvrer à la mise en place d’un nouveau régime politique antagonique à la démocratie » [3].

En somme, notion controversée, « la gouvernance traduit bien la destruction de ce qui impliquait une responsabilité collective, c’est-à-dire la politique. Il ne s’agit plus de politique mais de gestion » [4].

Est-ce vraiment ce qu’Écolo vise lorsqu’il utilise ce terme ? Ne serait-il pas plus judicieux de parler d’éthique en politique au lieu de ce cheval de Troie idéologiquement néolibéral ?

L’éthique requiert de restreindre le cumul des mandats, car la concentration du pouvoir dans une seule main indique que le pouvoir ne se partage pas et que les instruments de contrôle sont absents.

Des mesures en cascade sont et seront prises.

Mais le point aveugle de ces mesures, pour restaurer la confiance entre le citoyen et les institutions, n’est-il pas de refuser d’apporter des changements radicaux à la manière de faire de la politique ? La professionnalisation (et la pénurie de personnel politique) ne participe-t-elle pas à cette évolution néfaste ? La politique est-elle un métier ? [5] Pourquoi le congé politique n’est-il pas élargi au secteur privé ? Pourquoi l’idée de permettre l’exercice d’un mandat politique seulement deux fois de suite (de préférence en l’absence de dérogation), ne pourrait-elle pas être étendue à l’ensemble des partis politiques ?

Dans les faits, qui siège à la Chambre, abstraction faite des professions libérales, des enseignants et des journalistes ? Combien d’ouvriers trouve-t-on au sein de cette enceinte censée être un reflet de la société ? Ceux-ci forment pourtant 37% du salariat [6]. Les conditions d’accès à la représentation politique ne reposent-elles pas sur un cens [7] social caché ? La professionnalisation crée une coupure entre les représentants politiques spécialisés et les autres acteurs sociaux mis dans une position de profanes. La lutte des places, tendant à se substituer à la lutte des classes, coupe les mandataires politiques des revendications des groupes sociaux qui les soutiennent et induit une déconnexion par rapport à la réalité de terrain : ainsi, lors de la suppression des tranches d’imposition au-dessus de 50%, est-il anodin de rappeler que les députés votaient aussi pour eux ?

D’ailleurs, cette professionnalisation entraîne la création de divers outils (asbl, SA) faisant office de parachute en cas de revers électoral. Cela ne concerne pas seulement les intercommunales, actuellement dans l’œil du cyclone. Ces structures publiques ou semi-publiques ont été créées pour faire sortir de l’économie de marché une série de services indispensables à la collectivité. Elles n’ont initialement pas été fondées pour fournir des postes aux hommes et femmes politiques en manque de mandats. Cependant, cette évolution, ainsi que les dérives engendrées par la volonté de certaines intercommunales de se comporter comme n’importe quelle entreprise privée en dépit de leur statut public, sont favorisées par l’absence d’outils de contrôle démocratiques ou leur contournement.

Nous veut-« on » citoyens mais pas trop, et seulement pour approuver ? En somme, la véritable question est de savoir ce que l’on entend par démocratie. Ne faudrait-il renoncer à la démocratie représentative pour lui substituer une démocratie participative ? Mais cette participation démocratique est-elle compatible avec le mode de vie à flux tendus qui nous est imposé et qui empêche réappropriation et réhabilitation de la politique ? La réduction du temps de travail avec maintien des revenus et embauches compensatoires pourrait dans ce cadre s’avérer une piste à suivre. Par opposition aux préceptes de la Commission trilatérale [8] pour laquelle « le fonctionnement efficace d’un système démocratique requiert en général un certain niveau d’apathie de certains individus et groupes [9] » , cette réappropriation impliquerait l’abandon du cocon de la critique au balcon, pour devenir soi-même acteur de son propre devenir collectif.

Si la démocratie est le pouvoir du peuple, ce « pouvoir du peuple est le pouvoir propre à ceux qui n’ont pas plus de titre à gouverner qu’à être gouvernés » [10].
P.-S.

Une version plus courte a été publiée le 13 novembre 2009 dans La Libre Belgique : la version abrégé de ce nouveau texte du Ressort.

Notes

[1] STARQUIT O., L’individu privatisé, le service public pour la démocratie, Bruxelles, Espace de libertés, 2009, pp. 29-30.

[2] ARONDEL Ph., ARONDEL-ROHAUT M., Gouvernance, une démocratie sans le peuple, Paris, Ellipses, 2007, p. 175.

[3] GOBIN C., « Gouvernance », in Les nouveaux mots du pouvoir, un abécédaire critique, DURAND P.(dir.), Bruxelles, Aden, 2007, p. 265.

[4] STENGERS I., Au temps des catastrophes, résister à la barbarie qui vient, Paris, Les empêcheurs de penser en rond, 2009, p. 67.

[5] Si elle l’est, les députés ne pourraient-ils percevoir des allocations de chômage à la fin de leur mandat ? Mettant ainsi fin à la polémique sur le montant des indemnités de sortie.

[6] Statistiques de l’ONSS pour le deuxième trimestre 2009.

[7] Montant, quotité d’imposition nécessaire pour être électeur ou éligible, dans un suffrage censitaire.

[8] Organisation privée créée en 1973 regroupant 300 à 400 dirigeants et intellectuels dont le but est de promouvoir et de construire une coopération politique et économique entre l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie Pacifique.

[9] Cité dans HALIMI S., Le grand bond en arrière, Paris, Fayard, 2004, p. 249.

[10] RANCIÈRE J., La haine de la démocratie, Paris, La Fabrique, 2005, p. 54.

vendredi 6 novembre 2009

Quand le premier employeur privé au monde fait du prosélytisme religieux

Cet article a été publié dans Espace de Libertés n°380 de novembre 2009, p.23


Avec la crise, l’obsession du « pouvoir d’achat » et du moindre coût est venu au devant de la scène avec encore plus d’acuité. Le débat a notamment porté sur les Hard-discounter dont le modèle par excellence est le premier employeur privé dans le monde. La société Wal-Mart est un modèle de mondialisation, on serait tenté de dire est la mondialisation.

Il y a énormément à dire sur Wal-Mart et son modèle économique[1] dont certains aspects sont tellement poussés qu’ils sont même illégaux pour les USA : « La situation est telle qu’en 2007, l’organisation de défense des droits de l’homme Human Right Watch publie un rapport de plus de 200 pages sur Wal-Mart, avec pour titre : « droits au rabais. Wal-Mart bafoue le droit des travailleurs américains à la liberté syndicale ». Du jamais vu »[2]. Deux journalistes français ont décortiqué ce « modèle » social dans un livre agréable à lire et fort bien documenté. L’ouvrage n’est ni le seul, ni le premier, à se pencher sur cette société. Il nous intéresse ici dans la mesure où il démontre des liens peut-être moins connus entre la religion et la vision sociale appliquée dans la multinationale.

Pour comprendre ces liens, il faut connaître l’histoire de Wal-Mart et plus particulièrement de son fondateur Sam Walton. Celui-ci est le modèle type du WASP de l’Amérique profonde. Il est aussi représentatif du rêve américain puisqu’il s’agit d’un self-made man qui a ouvert sa première épicerie en 1962 dans l’Arkansas. « Avec Wal-Mart, c’est résolument le monde agraire, conservateur, qui triomphe. Encore aujourd’hui, l’organisation de l’entreprise n’est pas étrangère à ce monde-là. Qu’il s’agisse de l’interdiction de fait des syndicats, inconnus et très mal vus dans les campagnes, ou encore les bas salaires. »[3]. Ces derniers, ainsi que le temps partiel généralisé, s’expliquent notamment par le fait que dans les campagnes américaines où s’est d’abord développé Wal-Mart, l’épouse du fermier ne cherchait qu’un revenu complémentaire et non un revenu principal pour faire vivre sa famille. « Ce lien entre business et religion se retrouve également dans le recrutement de Wal-Mart : l’entreprise s’est en effet appuyée sur les universités religieuses de la région pour embaucher ses managers. »[4].

Cette mentalité influencée par la religion est également présente dans le fait de ne jamais dépenser un dollar superflu, notamment dans les frais de représentation. Mais la puissance prise par les magasins Wal-Mart à des conséquences qui ne se limite à la vie dans l’entreprise où chez ses sous-traitants. Elle permet également d’influencer la société dans son ensemble : « Bien entendu, Sam Walton est conservateur et « bon chrétien ». Il soutient les efforts de l’Eglise presbytérienne à laquelle la famille appartient, et à même créé une fondation, récompensant la créativité des volontaires chargés de faire partager leur foi au voisinage. En 1991, le fonds contient six millions de dollars, dont trois destinés au grand prix du prosélytisme. Une foi qui s’accommode mal de la contraception par exemple. Wal-Mart a ainsi tenté de refuser de vendre la pilule du lendemain, mais a été forcé de le faire par la justice, en 2006. On est croyant, et anticommuniste, aussi. En 1985, Wal-Mart finance un programme pour endiguer la vague communiste en Amérique centrale et promouvoir les valeurs capitalistes. »[5]

S’intéresser à de tel modèle économique est donc bien du ressort de la laïcité tant sur le plan de la libre-pensée que de la démocratie. Car comme le dit bien la journaliste américaine Barbara Ehrenreich à partir de l’exemple de Wal-Mart : « Si donc les employés à bas salaire ne se comportent pas toujours conformément à la rationalité économique, c’est-à-dire comme des agents libres dans une démocratie capitaliste, c’est parce qu’ils travaillent dans un environnement qui n’est ni libre ni démocratique. Quand vous entrez dans l’univers des bas salaires – et des salaires moyens dans de nombreux cas – vous abandonnez vos libertés civiques à la porte, vous laissez derrière vous l’Amérique et tout ce qu’elle est censée représenter, et vous apprenez à ne pas desserrer les lèvres pendant votre journée de travail. Les conséquences de cette reddition vont bien au-delà des questions de salaire et de pauvreté. Il nous est difficile de prétendre être la première démocratie du monde, lorsqu’un grand nombre de nos concitoyens passent la moitié de leur temps de veille dans un environnement qui est l’équivalent, pour le dire en termes simples, d’une dictature. »[6]



[1] Voir Dohet Julien, La démocratie menacée par le travail précaire in Les Mondes du travail, n°7 de juin 2009, pp.145-147

[2] Gilles Biassette et Lysiane J. Baudu, Travailler plus pour gagner moins. La menace Wal-Mart. Paris, Buchet-Chastel, 2008, p.188.

[3] p.59

[4] p.65

[5] p.75

[6] Barbara Ehrenreich, L’Amérique pauvre. Comment ne pas survivre en travaillant. Collection « Fait et cause », Paris, Grasset 10-18 (n°3797), 2004, p.318.

dimanche 18 octobre 2009

Tintin-Degrelle. Une idéologie au-delà de la polémique (1) :


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Cet article a été publié dans le n°50 de la revue Aide-mémoire, p.11
Pour rappel l'ensemble des textes de cette chronique se trouve ici. Un livre paraîtra également début 2010
Pour un cinquantième numéro, mais pas une cinquantième chronique cette rubrique n’ayant commencée que dans le 16e numéro de janvier 2001[1], il se fallait de sortir de l’habituel. Deux choix s’offraient à nous : d’une part une chronique plus légère (sur une BD ou un film) ou, d’autre part, la recension d’un livre exceptionnel (comme par exemple Le Mythe du XXe siècle d’Alfred Rosenberg et ses 689 pages). Finalement nous avons réussi à ne pas devoir trancher cet épineux dilemme… en choisissant un livre qui allie les deux.
Il s’agit d’un ouvrage dont nous ne possédons qu’une version PDF téléchargée sur un site lié au milieu négationniste français. Ce livre est le dernier écrit par Léon Degrelle (1906-1994). Au détour d’une des nombreuses digressions dans son propos il analyse ainsi notamment des événements datant de 1993[2]. Dans la volumineuse bibliographie du leader de Rex[3], cet ouvrage à un statut à part car il a suscité la polémique dans le milieu de la tintinophilie. Son titre, Tintin mon copain[4], dit tout mais cache en fait une sorte de testament politique, aspect moins connu mais que nous développerons plus particulièrement.
Degrelle inspirateur de Tintin
Notre propos n’est pas d’entrer dans les polémiques liées à Tintin et à son créateur Hergé. Beaucoup de livres hagiographiques inondent les librairies tandis que les quelques ouvrages critiques sont plus rares[5]. Tout est dit dès le quatrième de couverture au sujet de l’objet du scandale : « Il ne s’agit pas seulement des indéniables ressemblances physiques ou des évidents clins d’œil d’un dessinateur à son turbulent et généreux ami : ce qui est surtout mis en lumière, au fil de ces souvenirs pour la première fois rendus publics, c’est la communauté de destin – nullement gratuite ! – entre le fils que Hitler aurait voulu avoir et que la jeunesse la plus pure de Belgique suivit dans sa croisade héroïque contre le communisme menaçant l’Europe, et le personnage de papier sorti de la plume de Hergé et auquel la jeunesse du monde entier ne cesse depuis de s’identifier. Ce que de nombreux auteurs soupçonnaient déjà est maintenant irréfutablement établi : si l’idéal de générosité allant jusqu’au don de soi, de fidélité en amitié, de lutte sans concession contre la méchanceté qui avilit le monde irradie bien tous les albums de Tintin, il est consubstantiel à l’engagement degrellien pour une société de justice et de fraternité, encadrée et animée par des chefs responsables et désintéressés. »
C’est donc le fait qu’Hergé se soit inspiré de Degrelle pour créer Tintin qui est un des propos de ce livre abondamment illustré. Tout viendrait de Degrelle, la forme BD, la houpette, le pantalon de golf, les premiers contrats, le premier éditeur, jusqu’à Milou qui serait la version dessinée du chien qu’Adolf Hitler possédait sur le Front en 1914-1918. Mais, même lorsqu’il parle d’Hergé et de Tintin, Degrelle ne peut s’empêcher de surtout parler… de lui : « Hergé, c’était Hergé. Degrelle, c’était Degrelle. Ils avaient dans les grandes lignes une foi commune, mais chacun avait suivi sa trajectoire personnelle, l’un devenant l’as mondial des BD, l’autre le météore politique se hissant dans le ciel comme une comète inattendue. Tous deux étaient illuminés par l’amour de leur patrie. Le reste relève du bobard ou de la diffamation. Les Belges eussent dû être fiers de l’un et de l’autre – les hommes hors du commun n’abondent pas chez eux !- au lieu de les rouler pendant un demi-siècle dans la mélasse de leurs élucubrations haineuses »[6]
Un ego surdimensionné
Le livre ne sent pas autant le souffre que l’on ne le dit généralement. Car en quoi est-ce une révélation que d’expliciter le milieu dans lequel vivait Hergé? Il s’agissait de la droite catholique réactionnaire et l’ensemble des faits qui seront reprochés à Hergé après la guerre ne sont finalement que l’expression du monde dans lequel il vivait et des préjugés de son milieu. Avec Paul Jamin[7], Degrelle et Hergé forment en fait un trio de jeunes du même âge travaillant dans un des organes les plus réactionnaires de l’époque Le XXe siècle[8]. Mais ce trio est déséquilibré : « L’abbé Wallez nous laissait convertir ces lieux empestés en une volière. Georges Remi et Paul Jamin avaient des tempéraments moins volcaniques que le mien. Eux eussent pu rester parfaitement, pendant dix ans, à dorloter le cochonnet rédacteur sportif. Au fond, ces deux jeunes artistes de génie n’avaient pas d’ambition. Moi, c’était autre chose, je voulais conquérir le monde, grimper aux étoiles, décrocher la lune de son ostensoir ! Je ne savais pas encore au juste comment je m’y prendrais, mais j’étais bien décidé à soumettre l’impossible à mes lois. J’avais un tempérament de conquérant, je serais le maître. Maître de quoi ? Là était le mystère. »[9] Mais que l’on se rassure, Léon Degrelle va nous éclairer pendant 200 pages sur ce mystère. Qu’il parle d’Hergé, ou ici de Jam : « En quelques mois, ils étaient devenus acérés, nets comme des coups de stylet, mais d’un stylé envoyé chaque jour, dans un énorme éclat de rire, en plein les vieilles fesses politiciennes. Des milliers de lecteurs achetaient « Le Pays Réel » rien que pour le dessin de Jam épinglant chaque jour un cloporte parlementaire au bout de son crayon amusé et meurtrier. C’était joyeux, énorme, féroce. Les dessins assassins de Jam, nos balais, brandis partout par les jeunes, mes centaines de meetings, mes trois articles quotidiens (j’écrivais, au fil de la plume, l’équivalent d’un volume de trois cent pages tous les quinze jours !) avaient mis de plus en plus en état d’ébullition l’électorat belge. Trois heures de sommeil me suffisaient »[10] En fait Degrelle ne parle jamais que d’une seule personne : lui-même. Et au final c’est cet égocentrisme complètement démesuré, que l’on retrouve également dans ses interviews d’après-guerre, qui constitue le côté comique du livre. Ainsi de ce passage sur ses débuts : « Jouissant de la confiance presque paternelle de Monseigneur Picard, le patron de l’Action catholique (…) Ils (les responsables des collèges catholiques) me laissaient haranguer dans leurs salles de fête les garçons et les filles ! Jamais un jeune mâle, toutes dents dehors, n’était apparu à la tribune d’un pensionnat devant des centaines de « demoiselles », comme on disait alors. Elles m’appelèrent vite « le beau Léon ! ». Plus tard, avec succès, çà deviendrait « le chef bien-aimé ! » L’heureux temps des cerises ! J’avais assez bien la manière pour émoustiller le public. Le « Rex appeal » fit son effet. Les samedis, tous et toutes partaient à l’assaut de leurs familles et de leurs amis ; mes cent mille ou mes deux cent mille brochures disparaissaient en un week-end »[11]
A l’inverse le contenu idéologique, nous le verrons plus loin, est lui loin de pouvoir faire rire. L’ouvrage est donc une autobiographie de Degrelle qui y parle à certain moment à la troisième personne pour accentuer la filiation avec Tintin : « En février 1943, nouvelles aventures : à Tcherkassy, devenu commandeur de la SS Brigade d’Assaut Wallonie, il avait enfoncé, après dix-sept jours et dix-sept nuits d’empoignades hallucinantes – et quatre blessures ! – la boucle infernale des trois cent mille Soviétiques qui encerclaient onze divisions européennes au bord de l’anéantissement. Hitler le faisait amener le lendemain même, dans son avion spécial, du front d’Ukraine à son Quartier Général de Prusse Orientale et lui accrochait au cou le Collier de la Ritterkreuz ! Jouer ainsi au Tintin pour de vrai, c’était champion ! Six mois plus tard, en août 1944, autres exploits. En Estonie cette fois ! Tintin n°2 sauvait, une deuxième fois, le front de l’Est rompu »[12] et de continuer dans le même style pour raconter sa fuite en Espagne et les années d’exils sous la protection de Franco : « Tintin, une fois de plus, avait gagné la partie ! Chaque autre expédition pour me rapter (car il y en eut sept en tout !) échoua in extremis de la même manière, toujours providentielle. Des ondes de protection m’enveloppent, où que je sois, où que j’aille. Notre Tintin imaginaire de 1929 s’était réincarné, réellement, et pour toujours, dans ma carcasse ! »[13]. A plusieurs reprises l’auteur parle d’ailleurs de Tintin-Hergé et de Tintin-Degrelle.
On pourrait résumer cet aspect de l’ouvrage par cette phrase emplie de la modestie caractéristique de Degrelle : « Au fond, ce que Hergé inventait, du bout de son crayon, moi je le créais à chaque mouvement de ma vie publique »[14]
Une idéologie bien connue
Il est cependant toujours dangereux de s’arrêter aux aspects anecdotiques ou légers de ce type d’ouvrage. En effet derrière la polémique tintinesque et le côté matamoresque de Degrelle, une idéologie d’extrême droite est clairement réaffirmée et assumée : « Je vivrais, je lutterais, je risquerais ma peau pour conquérir le cœur et l’esprit de mon peuple, pour en faire une double communauté ordonnée, pour forger ensuite, dans les grands combats contre le bolchévisme, une Europe unie, capable de faire face à la poussée des grandes unités hypercapitalistes qui surgissaient en force à travers l’univers – de Tokyo à New-York – et qui feraient le XXIe siècle. Je voulais créer un homme nouveau, un monde nouveau. Tel était le but de ma vie. Avoir aidé Hergé à faire de Tintin un personnage, qui avec le temps, porterait à travers la planète la culotte de golf décrochée de ma garde-robe et la houppette cueillie sur ma boîte crânienne, ne serait qu’un incident merveilleux à travers ma vie haute en couleurs »[15]
Nous allons maintenant commencer à passer en revue une série de thèmes qui montrent que ce livre n’est pas anodin et est très idéologique, par exemple au travers des personnes citées en références qui vont de Tixier-Vignancourt à Le Pen en passant par Olivier Mathieu[16]. Qui montrent également que Degrelle était bien plus que le personnage caricatural et risible que l’on présente trop souvent au risque de faire oublier qu’il promotionnait une idéologie dangereuse dont une bonne part des éléments se retrouvent dans cette citation : « Le plan de démontage de l’Allemagne de Hitler était, dès 1935, visible à l’œil nu. L’Internationale marxiste, la toute première, était furieuse de voir qu’une révolution rivale, le national-socialisme, était en train de liquider ses hérésies économiques. Idem pour la franc-maçonnerie, pestant de constater que son hégémonie politique s’effondrait partout et tout son attirail de ferblanterie n’intéressait même plus le Marché aux Puces. Les Juifs, de leur côté, bouillaient d’indignation parce qu’ils ne pouvaient plus, comme au temps béni d’avant 1933, détenir à la toute puissante Reichsbank vingt-deux sièges d’administrateurs sur vingt-huit et que Hitler poussait l’insolence, jusqu’à demander aux Israélites de bien vouloir se contenter d’être, dans l’univers, des citoyens comme tout le monde »[17].
Degrelle, c’est connu depuis ses actions dans les années 30, rejette catégoriquement le système de la démocratie parlementaire : « Le super-parlement européen est encore plus stérile et plus coûteux que tous les autres. Il additionne et multiplie les défauts du Système qui a démantibulé chacun de nos pays. L’impuissance des « démocraties » occidentales avant la guerre, pendant la guerre, après la guerre, s’est révélée totale, en tous lieux »[18]. Degrelle, après avoir parlé des gouvernements Martens et de l’Italie, affine son analyse : « De tels ministères ne sont pas des gouvernements, ce sont des maisons de passe. Ils conduisent la machinerie officielle à l’anarchie constante et à une corruption sans cesse accrue. Ils multiplient les doubleries, les surenchères démagogiques des politiciens rivaux, cherchant à embobiner, chacun pour son compte, les rouspéteurs-électeurs. Et encore ceux-ci n’ont-ils, en réalité, que le droit de s’indigner. Si leur choix se porte, même à 86% comme en Algérie, sur une formule qui ne plaît pas aux gangs des partis, on recourra à n’importe quel coup d’état pour l’annuler. A l’étranger, pas un soi-disant démocrate ne s’indignera ou ne protestera. Les seules réformes qui, dans ces tohu-bohu, progressent inéluctablement ce sont les augmentations des impôts, versés angéliquement par les poires permanentes. Dès 1935, j’avais conclu qu’il ne pouvait exister d’Etat fécond que dans l’ordre du pouvoir, dans la continuité et dans la stabilité des institutions (…) »[19]. C’est pourquoi « Un état sérieux ne peut pas vivre dans le tohu-bohu d’un cirque. Il a besoin d’un chef qui tienne solidement le timon. Exactement comme dans n’importe quelle entreprise sérieusement menée. »[20]
Ce chef indispensable est l’émanation de la volonté, d’un consensus qui se fait dans le Peuple devant les actions de son plus digne représentant qui n’agit que par désintéressement, par idéal. Concrètement cela donne pour Degrelle, nous l’avons déjà vu, une capacité de travail importante qui, de plus, n’a pas de but mercantile : « Personnellement, je ne me réservais sur les lancements de mes brochures qu’une participation extrêmement modérée. L’argent ne m’intéressa jamais »[21]. Mais c’est surtout par son courage, par la force qu’il démontre, qu’un chef s’impose. Et sur ce point, outre le rappel de ses meetings enflammés, c’est son action sur le Front de l’Est que Degrelle met en avant : « Mais longtemps, je serai simple troupier, peinant dans les bises hurlantes, affamé, gelé. Caporal, sergent, officier, je ne deviendrais, échelon par échelon, commandeur de la Division Wallonie que pour « actes de valeur au combat » - soixante-quinze combats rapprochés -, ayant reçu sept blessures (médaille d’or des blessés)… Avez-vous vu les Spaak, et autres hâbleurs de Londres en faire autant ?... »[22]
Notes


[1] Ref. L’espoir wallon. Histoire du mouvement (1995-1998).
[2] p.81
[3] Nous avons déjà abordé le rexisme dans cette chronique à deux reprises : Léon Degrelle et le Rexisme in Aide-mémoire n°23 de janvier-février-mars 2003 et Le refus de la démocratie parlementaire in Aide-Mémoire n°37 de juillet-août-septembre 2006.
[4] Degrelle, Léon, Tintin mon copain, (sl.), Pélican d’or, 2000, 231 p. En fait le lieu d’édition indiqué est « Klow, Syldavie », allusion à Tintin.
[5] Nous ne renverrons ici qu’à celui de Maxime Benoît-Jeannin Les guerres d’Hergé. Essai de paranoïa critique, Bruxelles, Aden, 2007 qui, dans un style pamphlétaire, reprend les diverses questions que l’on peut (doit) se poser sur le dessinateur d’un des héros de BD les plus connus.
[6] p.200
[7] Paul Jamin (1911-1995) Caricaturiste d’un talent incontestable, Jam, sera connu après guerre sous le pseudonyme d’Alidor. Il changera également son style de dessin (en moins bien à notre goût)
[8] Voir Gérard Emmanuel, La démocratie révée, bridée et bafouée 1918-1939 in Nouvelle histoire de Belgique (Coll. Questions à l’histoire), vol.2, Bruxelles, Complexe, 2006, p.111
[9] p.12
[10] p.42
[11] p.18
[12] p.134
[13] p.174
[14] p.131
[15] p.21
[16] Sur le premier voir La cohérence d’un engagement in Aide-Mémoire n°40 d’avril-mai-juin 2007. Le deuxième n’est plus à présenter. Quand au troisième il s’agit d’un négationniste qui marquera les esprits par une intervention devenue célèbre dans l’émission Ciel mon mardi (extrait visible sur : http://www.youtube.com/watch?v=smsyGaCsDFo).
[17] p.50
[18] p.33
[19] p.29. Degrelle parle ici du coup d’état militaire de 1992 en Algérie pour empêcher le Front Islamique du Salut d’arriver au pouvoir.
[20] p.28
[21] p.19
[22] p.90. Signalons ici que Paul-Henri Spaak (1899-1972) fera partie des nombreux belges qui durant la première guerre mondiale prendront le risque de fuir la Belgique pour s’engager volontaire. Il échouera et sera déporté en Allemagne.