lundi 15 octobre 2012

Deux démocraties se confirment

Cet édito de 6com est paru le 15 octobre 2012

Fin de soirée électorale, l’heure de tenter un premier bilan.
Forcément incomplet vu la diversité des situations selon les communes. Forcément incomplet vu que tous les résultats ne sont pas connus ou ne sont pas encore facilement analysables. Et donc propos qu’il s’agira d’affiner, voire de corriger, dans les prochains jours.
Mais tentons ici de dégager quelques pistes d’analyses selon notre regard de syndicaliste, selon notre calendrier, selon nos enjeux à nous.
Et comme certainement tous les autres, je commencerai par la situation en Flandre. La percée de la NVa est confirmée. Elle est cependant moins spectaculaire que certains sondages ne l’annonçaient. Le CD&V se maintient ce qui est un gage de stabilité pour le gouvernement flamand auquel participe, il est peut-être bon de le rappeler, la NVa. Cette dernière semble clairement siphonner le Vlaams Belang de son électorat nationaliste réduisant celui-ci à sa frange national-raciste. Mais la NVa va aussi mordre sur l’Open-VLD. Mais si le poids de la NVa grandit c’est par rapport à 2006 et non par rapport à ses derniers résultats. Son ancrage local est donc devenu ce dimanche une réalité. Mais une réalité qui ne se transcrira pas forcément par beaucoup de participation à la majorité communale. Ainsi à Anvers, De Wever va devoir prendre ses responsabilités mais devra composer avec d’autres formations. Et une ville comme Gand échappe au parti nationaliste. Succès réel, mais pas tsunami politique donc.
Pour nous syndicaliste francophone, ce succès de la NVa doit cependant nous ouvrir les yeux. La Flandre confirme son virement nationaliste que certains continuent de nier. Loin d’avoir apaiser les appétits, la 6e réforme de l’état (qui pourtant, outre l’institutionnel pure, ouvre des brèches dans le caractère fédéral de la sécurité sociale et des politiques d’emploi) ne semble qu’une pause qui pourrait s’avérer de courte durée. Ce dimanche soir, le discours de De Wever (comme les débats sur les chaines flamandes) était d’ailleurs clair : « il faut avancer vers une plus grande autonomie de la Flandre ». Il est donc très important que les francophones entendent le message et ouvrent les yeux afin de préparer leur avenir. Et les délais risquent d’être très court, les élections de 2014 étant déjà à l’horizon.
La Flandre confirme donc sa droitisation. Alors que Bruxelles et la Wallonie confirme une réalité plus à gauche.
Au niveau francophone, on peut constater qu’Ecolo gagne son pari d’un meilleur ancrage communal, notamment en augmentant son nombre de bourgmestre. Le PS, lui, vit une réalité contrastée. Si son score global est relativement bon (y compris sur Bruxelles) et que le nombre de majorités qu’il va diriger reste très appréciables, certains enjeux symboliques sont perdus qui font mal en terme d’image : Schaerbeek, Namur, Nivelles et Sprimont peuvent ici être cités. Mais aussi plusieurs communes, dont Ans (ou le FDF décroche pour l’anecdote un de ses élus en Wallonie), où la majorité absolue est perdue parfois avec des pertes très conséquentes. Enfin, en terme d’équilibre entre wallon, un élément sera à affiner dès demain : le fait que le centre de gravité du PS se trouve clairement dans le Hainaut et non à Liège. Une réalité qui pèsera aussi dans les débats futurs entre camarades.
Avant de terminer par un des faits marquants de cette soirée électorale qui est la percée électorale de la « gauche de gauche », un petit mot sur des résultats qui doivent nous interpeller et nous inviter à la vigilance démocratique. Si l’extrême droite s’effondre par rapport à 2006, elle ne disparaît pas pour autant du paysage politique. Ni en Flandre où le VB existe toujours et où l’on peut (et doit) se poser la question du passage massif de son électorat, voire de certains de ses élus, à la NVa, ni en Wallonie et à Bruxelles. À l’heure d’écrire ses lignes, il m’a été impossible de vérifier commune par commune. Mais il apparaît que malgré les condamnations, l’extrême division, l’absence de capacité à déposer des listes et l’interdiction d’utiliser le sigle très porteur FN, l’extrême droite a malgré tout réussi à obtenir des élus. À Dison avec Wallonie d’Abord et dans le Hainaut avec LePen. D’autres peut-être que l’on découvrira demain. Auxquels il faut ajouter les élus du Parti Populaire : un à Trooz et un à Verviers, au moins. Autre fait qui doit questionner les laïques, l’arrivée d’élus (à Anderlecht et Moleenbeek au minimum) sur une liste Islam.
Je terminerai sur un des faits marquants qui doit interpeller le monde syndical dans sa réflexion sur ses relais politiques : la percée du PTB. Si celui-ci s’était installé ces derniers mois dans les médias donnant ainsi une caisse de résonance à sa présence sur le terrain auprès des travailleurs, aucun observateur n’avait imaginé un tel nombre d’élus. Dans le Hainaut et à Bruxelles la progression paraît significative. En région liégeoise, il passe de 3 à 12 élus. La situation à Liège est particulièrement intéressante dans le cadre d’une reconstruction d’un rapport de force à gauche qui ne pourra que bénéficier au mouvement syndical. En effet, les deux élus du PTB sont rejoints par un élu de Véga, coopérative politique au projet audacieux construit en quelques mois et qui apporte une série de propositions innovantes dans le champs politique. Et ce qui est réjouissant dans cette arrivée surprise de trois nouveaux élus, c’est que ceux-ci ne font pas ce que certains syndicalistes reprochent souvent à ces formations politique, à savoir le jeux de la droite en déforçant le PS. Car, à Liège, c’est à la droite (MR et FN) que les trois sièges sont pris ! Trois sièges qui renforcent donc la gauche et qui pousseront le PS (qui se renforce également avec un siège de plus) à être encore plus attentif aux revendications du monde du travail. Le mouvement syndical, au vu des enjeux extrêmement important qui l’attendent, aura bien besoin de toutes les forces de gauche à ses côtés.
Le contrôle budgétaire et l’Accord Interprofessionnel seront deux moments où nous pourrons à nouveau voir qui sont les élus, dans chaque partis, qui relaient nos positions, qui défendent le monde du travail. Car, comme dans le dossier ArcelorMittal, au-delà des mots ce sont d’actes concrets dont les travailleurs ont aujourd’hui besoin pour se dire que la démarche citoyenne qu’ils ont exercés ce dimanche a encore un sens. C’est de cela que les élus de ce dimanche doivent se souvenir les six années qui viennent. L’inverse ébranlerait encore plus la démocratie qui doit se questionner sur le nouveau taux records de l’abstention (on parle de 20% pour Liège. Un électeur sur cinq !) qui est peut-être, plus que le vote blanc que l’on peut encore qualifier de geste politique, la vrai gagnante de cette élection.

samedi 6 octobre 2012

Marxiste et non marxisant. Et encore moins marxien.

Dans mon profil, je mentionnais jusqu'à présent le fait que je me qualifiais de "marxisant".
Plusieurs personnes, surtout des camarades, m'ont interpellé à ce sujet. Ma réponse était que j'avais utilisé ce terme pour souligner que je ne me prétendais pas spécialiste de Marx dont je n'ai pas la prétention d'avoir lu l'ensemble de l’œuvre.
Mais depuis quelques semaines, le débat en Belgique sur le marxisme semble quelque peu relancé. Et alors que des lectures et des échanges avec l'un ou l'autre me faisaient déjà réfléchir à changer le terme, l'article Comment peut-on encore être marxiste paru dans Le Soir d'aujourd'hui m'a décidé. Je ne voudrai en effet pas que le qualificatif de "marxisant" soit assimilé à celui de "marxien".
Et donc clairement, oui je suis marxiste dans le sens que j'adhère aux idées développées par Marx et Engels (duo indissociable même si seul le premier à donner son nom au courant qu'ils ont élaboré. Dès son origine le "marxisme" ne peut donc se réduire aux écrits d'un seul homme. Et il a continué à évoluer ensuite) qui constituent un socle d'analyse politique mais aussi philosophique, économique et sociologique du monde. Un socle et non une doctrine figée. Pratiquer la dialectique imposant de constamment confronter théorie et pratique, doctrine et réalité de terrain.